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  Périodes glaciaires alternantes. 451

trouve les preuves les plus évidentes d’une ancienne action glaciaire dans la présence de nombreux et immenses blocs erratiques, qui ont été transportés fort loin des localités d’où ils proviennent.

L’extension de l’action glaciaire tout autour de l’hémisphère boréal et de l’hémisphère austral ; le peu d’ancienneté, dans le sens géologique du terme, de la période glaciaire dans l’un et l’autre hémisphère ; sa durée considérable, estimée d’après l’importance des effets qu’elle a produits ; enfin le niveau inférieur auquel les glaciers se sont récemment abaissés tout le long des Cordillères, sont autant de faits qui m’avaient autrefois porté à penser que probablement la température du globe entier devait, pendant la période glaciaire, s’être abaissée d’une manière simultanée. Mais M. Croll a récemment cherché, dans une admirable série de mémoires, à démontrer que l’état glacial d’un climat est le résultat de diverses causes physiques, déterminées par une augmentation dans l’excentricité de l’orbite de la terre. Toutes ces causes tendent au même but, mais la plus puissante paraît être l’influence de l’excentricité de l’orbite sur les courants océaniques. Il résulte des recherches de M. Croll que des périodes de refroidissement reviennent régulièrement tous les dix ou quinze mille ans ; mais qu’à des intervalles beaucoup plus considérables, par suite de certaines éventualités, dont la plus importante, comme l’a démontré sir Ch. Lyell, est la position relative de la terre et des eaux, le froid devient extrêmement rigoureux. M. Croll estime que la dernière grande période glaciaire remonte à 240000 ans et a duré, avec de légères variations de climat, pendant environ 160000 ans. Quant aux périodes glaciaires plus anciennes, plusieurs géologues sont convaincus, et ils fournissent à cet égard des preuves directes, qu’il a dû s’en produire pendant l’époque miocène et l’époque éocène, sans parler des formations plus anciennes. Mais, pour en revenir au sujet immédiat de notre discussion, le résultat le plus important auquel soit arrivé M. Croll est que, lorsque l’hémisphère boréal traverse une période de refroidissement, la température de l’hémisphère austral s’élève sensiblement ; les hivers deviennent moins rudes, principalement par suite de changements dans la direction des cou-