Moyens de dispersion. | 437 |
que dans l’expérience précédente) flottèrent, après dessiccation, pendant plus de vingt-huit jours. Nous pouvons donc conclure, autant du moins qu’il est permis de tirer une conclusion d’un si petit nombre de faits, que les graines de 14/100 des plantes d’une contrée quelconque peuvent être entraînées pendant vingt-huit jours par les courants marins sans perdre la faculté de germer. D’après l’atlas physique de Johnston, la vitesse moyenne des divers courants de l’Atlantique est de 53 kilomètres environ par jour, quelques-uns même atteignent la vitesse de 96 kilomètres et demi par jour ; d’après cette moyenne, les 14/100 de graines de plantes d’un pays pourraient donc être transportés à travers un bras de mer large de 1487 kilomètres jusque dans un autre pays, et germer si, après avoir échoué sur la rive, le vent les portait dans un lieu favorable à leur développement.
M. Martens a entrepris subséquemment des expériences semblables aux miennes, mais dans de meilleures conditions ; il plaça, en effet, ses graines dans une boîte plongée dans la mer même, de sorte qu’elles se trouvaient alternativement soumises à l’action de l’air et de l’eau, comme des plantes réellement flottantes. Il expérimenta sur quatre-vingt-dix-huit graines pour la plupart différentes des miennes ; mais il choisit de gros fruits et des graines de plantes vivant sur les côtes, circonstances de nature à augmenter la longueur moyenne de leur flottaison et leur résistance à l’action nuisible de l’eau salée. D’autre part, il n’a pas fait préalablement sécher les plantes portant leur fruit ; fait qui, comme nous l’avons vu, aurait permis à certaines de flotter encore plus longtemps. Le résultat obtenu fut que 18/98 de ces graines flottèrent pendant quarante-deux jours et germèrent ensuite. Je crois cependant que des plantes exposées aux vagues ne doivent pas flotter aussi longtemps que celles qui, comme dans ces expériences, sont à l’abri d’une violente agitation. Il serait donc plus sûr d’admettre que les graines d’environ 10 pour 100 des plantes d’une flore peuvent, après dessiccation, flotter à travers un bras de mer large de 1450 kilomètres environ, et germer ensuite. Le fait que les fruits plus gros sont aptes à flotter plus longtemps que les petits est intéressant, car il n’y a guère d’autre moyen de dispersion pour les plantes à gros fruits et à grosses graines ; d’ailleurs, ainsi que l’a démontré