Du degré de développement. | 413 |
tains coquillages terrestres et d’eau douce sont restés à peu près ce qu’ils étaient depuis l’époque où, autant que nous pouvons le savoir, ils ont paru pour la première fois, ne constitue point une objection sérieuse contre cette conclusion. Il ne faut pas voir non plus une difficulté insurmontable dans le fait constaté par le docteur Carpenter, que l’organisation des foraminifères n’a pas progressé depuis l’époque laurentienne ; car quelques organismes doivent rester adaptés à des conditions de vie très simples ; or, quoi de mieux approprié sous ce rapport que ces protozoaires à l’organisation si inférieure ? Si ma théorie impliquait comme condition nécessaire le progrès de l’organisation, des objections de cette nature lui seraient fatales. Elles le seraient également si l’on pouvait prouver, par exemple, que les foraminifères ont pris naissance pendant l’époque laurentienne, ou les brachiopodes pendant la formation cumbrienne ; car alors il ne se serait pas écoulé un temps suffisant pour que le développement de ces organismes en soit arrivé au point qu’ils ont atteint. Une fois arrivés à un état donné, la théorie de la sélection naturelle n’exige pas qu’ils continuent à progresser davantage, bien que, dans chaque période successive, ils doivent se modifier légèrement, de manière à conserver leur place dans la nature, malgré de légers changements dans les conditions ambiantes. Toutes ces objections reposent sur l’ignorance où nous sommes de l’âge réel de notre globe, et des périodes auxquelles les différentes formes de la vie ont apparu pour la première fois, points fort discutables.
La question de savoir si l’ensemble de l’organisation a progressé constitue de toute façon un problème fort compliqué. Les archives géologiques, toujours fort incomplètes, ne remontent pas assez haut pour qu’on puisse établir avec une netteté incontestable que, pendant le temps dont l’histoire nous est connue, l’organisation a fait de grands progrès. Aujourd’hui même, si l’on compare les uns aux autres les membres d’une même classe, les naturalistes ne sont pas d’accord pour décider quelles sont les formes les plus élevées. Ainsi, les uns regardent les sélaciens ou requins comme les plus élevés dans la série des poissons, parce qu’ils se rapprochent des reptiles par certains points importants de leur conformation ; d’autres don-