Page:Darwin - L’Origine des espèces (1906).djvu/425

Cette page a été validée par deux contributeurs.
  Affinités des espèces. 407

de genres et d’espèces ; mais ceci nous importe peu. Les lignes horizontales peuvent figurer des formations géologiques successives, et on peut considérer comme éteintes toutes les formes placées au-dessous de la ligne supérieure. Les trois genres existants, a14, q14, p14, formeront une petite famille ; b14 et f14, une famille très voisine ou sous-famille, et o14, e14, m14, une troisième famille. Ces trois familles réunies aux nombreux genres éteints faisant partie des diverses lignes de descendance provenant par divergence de l’espèce parente A, formeront un ordre ; car toutes auront hérité quelque chose en commun de leur ancêtre primitif. En vertu du principe de la tendance continue à la divergence des caractères, que notre diagramme a déjà servi à expliquer, plus une forme est récente, plus elle doit ordinairement différer de l’ancêtre primordial. Nous pouvons par là comprendre aisément pourquoi ce sont les fossiles les plus anciens qui diffèrent le plus des formes actuelles. La divergence des caractères n’est toutefois pas une éventualité nécessaire ; car cette divergence dépend seulement de ce qu’elle a permis aux descendants d’une espèce de s’emparer de plus de places différentes dans l’économie de la nature. Il est donc très possible, ainsi que nous l’avons vu pour quelques formes siluriennes, qu’une espèce puisse persister en ne présentant que de légères modifications correspondant à de faibles changements dans ses conditions d’existence, tout en conservant, pendant une longue période, ses traits caractéristiques généraux. C’est ce que représente, dans la figure, la lettre F14.

Toutes les nombreuses formes éteintes et vivantes descendues de A constituent, comme nous l’avons déjà fait remarquer, un ordre qui, par la suite des effets continus de l’extinction et de la divergence des caractères, s’est divisé en plusieurs familles et sous-familles ; on suppose que quelques-unes ont péri à différentes périodes, tandis que d’autres ont persisté jusqu’à nos jours.

Nous voyons, en examinant le diagramme, que si nous découvrions, sur différents points de la partie inférieure de la série, un grand nombre de formes éteintes qu’on suppose avoir été enfouies dans les formations successives, les trois familles qui existent sur la ligne supérieure deviendraient moins dis-