Extinction. | 397 |
ment plus considérable que celui des formes anciennes qui ont été exterminées ; mais nous savons que, au moins pendant les époques géologiques récentes, les espèces n’ont pas augmenté indéfiniment ; de sorte que nous pouvons admettre, en ce qui concerne les époques les plus récentes, que la production de nouvelles formes a déterminé l’extinction d’un nombre à peu près égal de formes anciennes.
La concurrence est généralement plus rigoureuse, comme nous l’avons déjà démontré par des exemples, entre les formes qui se ressemblent sous tous les rapports. En conséquence, les descendants modifiés et perfectionnés d’une espèce causent généralement l’extermination de la souche mère ; et si plusieurs formes nouvelles, provenant d’une même espèce, réussissent à se développer, ce sont les formes les plus voisines de cette espèce, c’est-à-dire les espèces du même genre, qui se trouvent être les plus exposées à la destruction. C’est ainsi, je crois, qu’un certain nombre d’espèces nouvelles, descendues d’une espèce unique et constituant ainsi un genre nouveau, parviennent à supplanter un genre ancien, appartenant à la même famille. Mais il a dû souvent arriver aussi qu’une espèce nouvelle appartenant à un groupe a pris la place d’une espèce appartenant à un groupe différent, et provoqué ainsi son extinction. Si plusieurs formes alliées sont sorties de cette même forme, d’autres espèces conquérantes antérieures auront dû céder la place, et ce seront alors généralement les formes voisines qui auront le plus à souffrir, en raison de quelque infériorité héréditaire commune à tout leur groupe. Mais que les espèces obligées de céder ainsi leur place à d’autres plus perfectionnées appartiennent à une même classe ou à des classes distinctes, il pourra arriver que quelques-unes d’entre elles puissent être longtemps conservées, par suite de leur adaptation à des conditions différentes d’existence, ou parce que, occupant une station isolée, elles auront échappé à une rigoureuse concurrence. Ainsi, par exemple, quelques espèces de Trigonia, grand genre de mollusques des formations secondaires, ont surtout vécu et habitent encore les mers australiennes ; et quelques membres du groupe considérable et presque éteint des poissons ganoïdes se trouvent encore dans nos eaux