324 | Hybridité. |
le pollen d’une plante est placé sur le stigmate d’une plante appartenant à une famille distincte, son action est aussi nulle que pourrait l’être celle de la première poussière venue. À partir de cette stérilité absolue, le pollen des différentes espèces d’un même genre, appliqué sur le stigmate de l’une des espèces de ce genre, produit un nombre de graines qui varie de façon à former une série graduelle depuis la stérilité absolue jusqu’à une fécondité plus ou moins parfaite et même, comme nous l’avons vu, dans certains cas anormaux, jusqu’à une fécondité supérieure à celle déterminée par l’action du pollen de la plante elle-même. De même, il y a des hybrides qui n’ont jamais produit et ne produiront peut-être jamais une seule graine féconde, même avec du pollen pris sur l’une des espèces pures ; mais on a pu, chez quelques-uns, découvrir une première trace de fécondité, en ce sens que sous l’action du pollen d’une des espèces parentes la fleur hybride se flétrit un peu plus tôt qu’elle n’eût fait autrement ; or, chacun sait que c’est là un symptôme d’un commencement de fécondation. De cet extrême degré de stérilité nous passons graduellement par des hybrides féconds, produisant toujours un plus grand nombre de graines jusqu’à ceux qui atteignent à la fécondité parfaite.
Les hybrides provenant de deux espèces difficiles à croiser, et dont les premiers croisements sont généralement très stériles, sont rarement féconds ; mais il n’y a pas de parallélisme rigoureux à établir entre la difficulté d’un premier croisement et le degré de stérilité des hybrides qui en résultent — deux ordres de faits qu’on a ordinairement confondus. Il y a beaucoup de cas où deux espèces pures, dans le genre Verbascum, par exemple, s’unissent avec la plus grande facilité et produisent de nombreux hybrides, mais ces hybrides sont eux-mêmes absolument stériles. D’autre part, il y a des espèces qu’on ne peut croiser que rarement ou avec une difficulté extrême, et dont les hybrides une fois produits sont très féconds. Ces deux cas opposés se présentent dans les limites mêmes d’un seul genre, dans le genre Dianthus, par exemple.
Les conditions défavorables affectent plus facilement la fécondité, tant des premiers croisements que des hybrides, que celle des espèces pures. Mais le degré de fécondité des premiers croisements est également variable en vertu d’une disposition innée,