CHAPITRE VII
Objections diverses faites à la théorie de la sélection naturelle.
Je consacrerai ce chapitre à l’examen des diverses objections qu’on a opposées à mes opinions, ce qui pourra éclaircir quelques discussions antérieures ; mais il serait inutile de les examiner toutes, car, dans le nombre, beaucoup émanent d’auteurs qui ne se sont pas même donné la peine de comprendre le sujet. Ainsi, un naturaliste allemand distingué affirme que la partie la plus faible de ma théorie réside dans le fait que je considère tous les êtres organisés comme imparfaits. Or, ce que j’ai dit réellement, c’est qu’ils ne sont pas tous aussi parfaits qu’ils pourraient l’être, relativement à leurs conditions d’existence ; ce qui le prouve, c’est que de nombreuses formes indigènes ont, dans plusieurs parties du monde, cédé la place à des intrus étrangers. Or, les êtres organisés, en admettant même qu’à une époque donnée ils aient été parfaitement adaptés à leurs conditions d’existence, ne peuvent, lorsque celles-ci changent, conserver les mêmes rapports d’adaptation qu’à condition de changer eux-mêmes ; aussi, personne ne peut contester que les conditions physiques de tous les pays, ainsi que le nombre et les formes des habitants, ont subi des modifications considérables.
Un critique a récemment soutenu, en faisant parade d’une grande exactitude mathématique, que la longévité est un grand avantage pour toutes les espèces, de sorte que celui qui croit à la