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  Notice Historique. xvii

à un procédé sur lequel il ne connaît rien. » Il développe cette idée en ajoutant que toutes les fois qu’un « zoologiste cite des exemples tels que le précédent, comme preuve d’une création distincte dans une île et pour elle, il veut dire seulement qu’il ne sait pas comment le coq de bruyère rouge se trouve exclusivement dans ce lieu, et que cette manière d’exprimer son ignorance implique en même temps la croyance à une grande cause créatrice primitive, à laquelle l’oiseau aussi bien que les îles doivent leur origine. » Si nous rapprochons les unes des autres les phrases prononcées dans ce discours, il semble que, en 1858, le célèbre naturaliste n’était pas convaincu que l’aptéryx et le coq de bruyère rouge aient apparu pour la première fois dans leurs contrées respectives, sans qu’il puisse expliquer comment, pas plus qu’il ne saurait expliquer pourquoi.

Ce discours a été prononcé après la lecture du mémoire de M. Wallace et du mien sur l’origine des espèces devant la Société Linnéenne. Lors de la publication de la première édition du présent ouvrage, je fus, comme beaucoup d’autres avec moi, si complètement trompé par des expressions telles que « l’action continue de la puissance créatrice », que je rangeai le professeur Owen, avec d’autres paléontologistes, parmi les partisans convaincus de l’immutabilité de l’espèce ; mais il paraît que c’était de ma part une grave erreur (Anatomy of Vertebrates, vol. III, p. 796). Dans les précédentes éditions de mon ouvrage je conclus, et je maintiens encore ma conclusion, d’après un passage commençant (ibid., vol. I, p. 35) par les mots : « Sans doute la forme type, etc. », que le professeur Owen admettait la sélection naturelle comme pouvant avoir contribué en quelque chose à la formation de nouvelles espèces ; mais il paraît, d’après un autre passage (ibid., vol. III, p. 798), que ceci est inexact et non démontré. Je donnai aussi quelques extraits d’une correspondance entre le professeur Owen et le rédacteur en chef de la London Review, qui paraissaient prouver à ce dernier, comme à moi-même, que le professeur Owen prétendait avoir émis avant moi la théorie de la sélection naturelle. J’exprimai une grande surprise et une grande satisfaction en apprenant cette nouvelle ; mais, autant qu’il est possible de comprendre certains passages récemment publiés (Anat. of Vertebrates, III, p. 798), je suis