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AUX PÉRIODES CORRESPONDANTES.

précédentes, on trouvera que les parents non affectés de cancer ont dû atteindre un âge très-avancé. La longévité d’un parent non atteint du mal semblerait donc déterminer la période fatale chez son descendant, et apporterait encore un élément nouveau compliquant la question de l’hérédité.

Les faits qui tendent à établir que, pour certaines maladies héréditaires, l’époque à laquelle elle se déclarent chez les descendants peut être avancée, ont de l’importance quant à la théorie générale de la descendance, car ils rendent probable que la même chose doit avoir lieu pour les modifications ordinaires de conformation. Le résultat final d’une longue série d’avances de ce genre serait l’oblitération graduelle des caractères propres à l’embryon et à la larve, qui tendraient ainsi à devenir de plus en plus semblables à la forme parente adulte. Mais toute conformation utile à l’embryon ou à la larve serait conservée par la destruction, à cette phase de son développement, de tout individu qui manifesterait une tendance à perdre trop tôt ses caractères propres.

Enfin, d’après les races nombreuses de plantes cultivées et d’animaux domestiques, dont les graines ou œufs, les jeunes ou adultes, diffèrent entre eux et des espèces parentes ; — d’après les cas dans lesquels de nouveaux caractères ayant surgi à une période particulière, sont devenus héréditaires à la même période ; — et d’après ce que nous avons vu de la transmission des maladies, nous devons admettre le principe de l’hérédité aux époques correspondantes de la vie.

Résumé des trois chapitres précédents. — Quelle que soit la puissance de l’hérédité, elle permet l’apparition incessante de caractères nouveaux. Ceux-ci, qu’ils soient avantageux ou nuisibles, insignifiants comme une nuance de couleur dans une fleur ou une mèche de cheveux, ou un simple geste ; ou de la plus haute importance, comme lorsqu’ils affectent le cerveau ou un organe aussi parfait et complexe que l’œil ; qu’ils soient assez sérieux pour mériter d’être qualifiés de monstruosités, ou assez exceptionnels pour ne pas se rencontrer normalement dans aucun membre du même groupe naturel ; sont tous fortement héréditaires chez l’homme, les animaux inférieurs et les plantes. Il suffit souvent, pour qu’une particularité soit héréditaire, qu’elle se trouve chez un seul ascendant. Les inégalités des