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HYPOTHÈSE PROVISOIRE

duellement les unes aux autres, et concordent par leurs produits ; car il est impossible de distinguer entre les organismes provenant de bourgeons, de division spontanée ou de germes fécondés, puisqu’ils sont soumis au même genre de variations, et au retour de leurs caractères ; et, comme nous voyons que toutes les formes de reproduction dépendent d’une agrégation de gemmules émanant de toutes les parties du corps, nous pouvons comprendre cette concordance générale. Il est satisfaisant de trouver que les générations sexuelle et asexuelle, deux modes fort distincts par lesquels un même être vivant peut être produit, sont fondamentalement les mêmes. La parthénogenèse n’a plus rien d’étonnant, et en fait, l’étonnant est qu’elle ne se présente pas plus souvent. Nous voyons que les organes reproducteurs ne créent pas effectivement les éléments sexuels, mais qu’ils ne font que déterminer ou permettre leur agrégation d’une manière spéciale. Ces organes, avec leurs parties accessoires, ont toutefois de hautes fonctions à accomplir ; ils donnent aux deux éléments une affinité mutuelle spéciale, indépendamment du contenu des cellules mâles et femelles, comme le montre, dans le cas des plantes, la réaction réciproque du stigmate et des grains de pollen ; ils adaptent un des éléments ou tous deux à une existence temporaire et indépendante, et les préparent en vue de leur union mutuelle. Certaines dispositions dans ce but sont excessivement compliquées, comme les spermatophores des Céphalopodes. L’élément mâle est quelquefois pourvu d’attributs qui, observés sur un animal indépendant, pourraient être regardés comme un instinct dirigé par des organes des sens, comme lorsque le spermatozoïde d’un insecte se fraye un chemin au travers du micropyle infiniment ténu de l’œuf, ou lorsque les anthérozoïdes de certaines algues arrivent à l’aide de leurs cils vers la plante femelle, et y pénètrent par un orifice fort petit. Dans ces cas toutefois, nous devons admettre que l’élément mâle a acquis ses propriétés, comme les larves d’animaux, c’est-à-dire par des modifications successives, acquises à des époques correspondantes de la vie ; nous pouvons même presque assimiler l’élément mâle à une sorte de larve prématurée, qui s’unit, ou comme dans les algues inférieures, se conjugue avec l’élément femelle. Nous ne savons nullement ce qui peut causer