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DE LA PANGENÈSE.

exemple, soutiennent que les fibres musculaires et nerveuses se développent de cellules, qui se nourrissent ensuite par leur propre pouvoir d’absorption ; tandis que d’autres physiologistes nient leur origine cellulaire ; et Beale affirme que ces fibres se renouvellent exclusivement par la conversion de nouvelles matières germinales (c’est-à-dire ce qu’on appelle les noyaux ou nucléi) en matériaux formés. Quoi qu’il en soit, il paraît probable que tous les agents extérieurs, tels qu’un changement de nourriture, une augmentation ou diminution d’usage, etc., capables de causer une modification permanente de structure, doivent, en même temps ou avant, agir sur les cellules, noyaux, matière germinale ou de formation, dont se développent lesdites conformations, et par conséquent doivent aussi agir sur les gemmules.

Il est également inutile de se préoccuper de savoir si toutes les gemmules sont libres et séparées, ou si elles sont dès l’origine réunies par petites agrégations. Une plume a, par exemple, une structure complexe, et comme chaque partie séparée est susceptible de variations héréditaires, je conclus que la plume doit engendrer une grande quantité de gemmules, qui peuvent peut-être être agrégées en une gemmule composée. La même remarque peut s’appliquer aux pétales d’une fleur, qui sont souvent très-complexes, et ont chaque partie disposée en vue d’un but spécial, de sorte que chacune a dû être séparément modifiée, et ses modifications transmises. Par conséquent, d’après notre hypothèse, des gemmules séparées ont dû être émises par chaque cellule. Mais comme nous voyons quelquefois la moitié d’une anthère ou une portion de filament devenant pétaliforme, ou des parties du calice prenant la couleur et la texture de la corolle, il est probable que pour les pétales, les gemmules de chaque cellule ne sont pas agrégées en une gemmule complexe, mais sont librement et séparément disséminées.

Après avoir ainsi cherché à montrer que les suppositions précédentes sont, jusqu’à un certain point, appuyées par quelques faits analogues, examinons maintenant jusqu’à quel point notre hypothèse peut rattacher entre eux et ramener à un point de vue unique les divers cas énumérés dans la première partie. Toutes les formes de reproduction passent gra-