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HYPOTHÈSE PROVISOIRE

Développement. — Le germe fécondé n’arrive à maturité qu’après de nombreux changements, qui peuvent être faibles et très-lents, comme lorsque l’enfant devient homme ; ou considérables et soudains, comme dans les métamorphoses des insectes. Entre ces extrêmes, nous trouvons, sans sortir de la même classe, toutes les gradations ; ainsi, comme l’a montré Sir J. Lubbock[1], il y a une Éphémère qui mue plus de vingt fois, en subissant chaque fois un léger changement dans sa conformation ; changements qui, selon sa remarque, nous révèlent probablement les phases normales de développement, qui sont cachées, précipitées ou supprimées dans la plupart des autres insectes. Dans les métamorphoses ordinaires, les organes paraissent se transformer en parties correspondantes dans la phase suivante du développement ; mais il existe encore une autre forme d’évolution que le professeur Owen a désignée sous le nom de métagenèse. Dans ce cas, « les nouvelles parties ne se moulent pas sur la face interne des anciennes. La force plastique change son mode d’opération. L’enveloppe extérieure et toutes les parties qui donnaient la forme et le caractère à l’individu précédent, périssent et sont rejetées ; elles ne se transforment pas dans les parties correspondantes du nouveau. Elles sont dues à un procédé de développement distinct[2], » etc. La métamorphose passe toutefois si insensiblement à la métagenèse, qu’il est difficile de distinguer nettement les deux modes. Ainsi par exemple, au dernier changement que subissent les Cirrhipèdes, le canal alimentaire et quelques autres organes se moulent sur les parties précédemment existantes ; mais les yeux de l’ancien animal et du nouveau se développent sur des parties du corps très-différentes ; les extrémités des membres adultes se forment dans l’intérieur des membres de la larve, et peuvent être regardées comme en étant la métamorphose ; mais leur portion basilaire et le thorax entier se développent dans un plan perpendiculaire aux membres et au thorax de la larve : et c’est ce qu’on peut appeler de la métagenèse. La métagenèse joue un grand rôle

  1. Trans. Linn. Soc., t. XXIV, 1863, p. 62.
  2. Parthenogenesis, 1849, p. 25–26. Le prof. Huxley a publié quelques excellentes remarques sur ce point (Medical Times, 1856, p. 637), au sujet du développement des astéries, et montre comment la métamorphose passe singulièrement et graduellement à la gemmation, qui est en fait la même chose que la métagenèse.