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VARIATIONS ANALOGIQUES.

Dans quelques espèces d’oiseaux, les mouettes, par exemple, certaines parties colorées paraissent comme lavées, et j’ai observé exactement le même aspect sur la base foncée terminale de la queue de certains pigeons et sur le plumage entier de certaines variétés du canard. Des faits analogues se rencontrent chez les végétaux.

Plusieurs sous-variétés de pigeons portent sur la partie postérieure de la tête des plumes renversées et quelque peu allongées ; ce fait ne peut certainement pas être attribué à un retour à la forme souche, qui ne présente aucune trace d’une pareille conformation : mais si nous songeons qu’il y a des sous-variétés de l’espèce galline, du dindon, du canari, du canard et de l’oie, qui toutes ont des huppes ou des plumes renversées sur la tête, et si nous nous rappelons qu’on pourrait à peine nommer un seul groupe naturel un peu considérable d’oiseaux, dont quelque membre ne porte aussi une huppe de plumes sur sa tête, nous pouvons soupçonner qu’il y a eu là un effet de retour vers quelque forme primitive excessivement reculée.

Plusieurs races gallines ont leurs plumes pailletées ou barrées, caractère qui ne peut être dérivé de l’espèce primitive, le Gallus bankiva ; bien qu’il soit possible que quelque ancêtre primitif de cette espèce ait été pailleté, et qu’un autre ancêtre antérieur ou postérieur ait été barré. Mais comme un grand nombre de gallinacés sont pailletés ou barrés, il est plus probable que les diverses races gallines domestiquées ont revêtu ce plumage en vertu de la tendance héréditaire chez tous les membres de la famille à varier d’une manière semblable. On peut, par le même principe, s’expliquer l’absence des cornes chez les brebis de certaines races, qui sous ce rapport se trouvent dans le même cas que les femelles d’autres ruminants à cornes creuses ; la présence sur les oreilles de certains chats domestiques de pinceaux de poils comme ceux du lynx ; et le fait que les crânes des lapins domestiques diffèrent souvent entre eux précisément par les mêmes traits qui caractérisent les crânes des diverses espèces du genre Lepus.

Je ne rappellerai plus qu’un seul cas dont nous nous sommes déjà occupés. Maintenant que nous savons que la forme sauvage parente de l’âne a les membres barrés, nous pouvons être assez certains que l’apparition occasionnelle de raies transversales sur les jambes de l’âne domestique est le résultat direct d’un effet de retour ; mais ceci n’explique pas la courbure angulaire ou la bifurcation de l’extrémité inférieure de la bande scapulaire. De même, lorsque nous voyons des chevaux isabelle ou d’autres couleurs ayant des bandes sur le dos, les épaules et les jambes, nous sommes pour des raisons précédemment données, portés à croire qu’elles reparaissent ensuite d’un retour direct vers la forme sauvage primitive. Mais, lorsque des chevaux portent deux ou trois bandes scapulaires, dont l’une est parfois fourchue à son extrémité inférieure ; lorsqu’ils ont des raies sur la tête, ou que, comme certains poulains, ils présentent sur la plus grande partie du corps, des raies faiblement marquées, coudées les unes au-dessous des autres sur le front, ou irrégulièrement ramifiées sur d’autres points, il serait peut-être téméraire d’attribuer des caractères aussi divers à la réapparition de ceux qui ont pu appartenir au cheval sauvage primitif. Comme il