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POSITION RELATIVE DES PARTIES.

même une pousse plus vigoureuse que celles qui sont plus bas[1]. J’ai insisté sur cette connexion entre la pélorie et la position centrale, d’abord parce qu’on sait que quelques plantes produisent normalement une fleur terminale différant par sa conformation des fleurs latérales, mais surtout à cause du cas suivant qui montre qu’il y a une connexion entre cette même position et une tendance à la variabilité ou au retour. Un auteur très-compétent[2] assure que lorsqu’une Auricula donne une fleur latérale, elle sera très-probablement conforme à son type, mais que si elle pousse du centre de la plante, il y a autant de chances qu’elle ait une autre couleur que celle qu’elle devrait avoir. Le fait est si connu que certains fleuristes enlèvent régulièrement les touffes centrales. Je ne sais si dans les variétés très-améliorées, il faut attribuer la déviation du type dans les touffes centrales à un effet de retour. M. Dombrain assure que, quelle que puisse être l’imperfection la plus commune dans chaque variété, c’est dans la touffe centrale qu’elle s’exagère le plus. Ainsi telle variété, ayant le défaut de produire au centre de la fleur un petit fleuron vert, ce dernier deviendra très-grand dans les inflorescences centrales. Dans quelques-unes de ces dernières que m’envoya M. Dombrain, tous les organes de la fleur étaient petits, avec une structure rudimentaire et de couleur verte, de sorte qu’un léger changement de plus les aurait convertis en petites feuilles. Nous voyons dans ce cas une tendance marquée à la prolification, — terme qui, en botanique, signifie la production par une fleur, d’une branche, d’une fleur ou d’une tête de fleurs. Le Dr Masters[3] constate que la fleur supérieure ou centrale d’une plante est généralement la plus sujette à la prolification. Ainsi dans les variétés d’Auricules, la perte de leurs caractères propres et une tendance à la prolification, et dans d’autres plantes, la tendance à la prolification et à la pélorie, sont tous des faits connexes dus soit à des arrêts de développement, soit à des retours vers un état antérieur.

Voici un cas plus intéressant. Metzger[4] ayant cultivé en Allemagne plusieurs variétés de maïs originaires des parties chaudes de l’Amérique, remarqua qu’au bout de deux générations, leurs grains avaient beaucoup changé quant à leur forme, leur grosseur et leur coloration ; et pour deux d’entre elles, il constate que déjà à la première génération, tandis que les grains du bas de chaque épi avaient conservé leurs caractères propres, ceux du sommet commençaient à ressembler au type qui, à la troisième génération, devait être celui de tous les grains. Mais comme nous ne connaissons pas l’ancêtre primitif des maïs, nous ne pouvons dire si ces changements peuvent être attribués à un retour.

Le retour, influencé par la position de la graine dans sa capsule, a agi d’une manière évidente dans les deux cas suivants. Le pois « Blue Impérial » provient du « Blue Prussian », et a sa graine plus grosse et ses gousses plus larges que son parent. M. Masters[5] de Canterbury, le créateur de nou-

  1. Hugo von Mohl, Cellule végétale (trad. angl.), 1852, p. 76.
  2. Rev. H. H. Dombrain, Journ. of Hort., 1861, p. 174 et 234. — 1852, Avril, p 83.
  3. Trans. Linn. Soc., t. XXIII, 1861, p. 360.
  4. Die Getreidearten, 1843, p. 208, 209.
  5. Gard. Chron., 1850, p. 198.