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LOIS DE LA VARIATION.

intense, que ceux du nord, au teint clair ; mais de telles affirmations sont sujettes à erreur.

J’ai donné dans le second chapitre sur la sélection, plusieurs exemples montrant que chez les animaux, comme chez les plantes, des différences de coloration sont quelquefois en corrélation avec des différences constitutionnelles, qui se manifestent par une plus ou moins grande immunité contre certaines maladies, les attaques de plantes ou d’animaux parasites, l’action du soleil et celle de certains poisons. Lorsque tous les animaux d’une même variété jouissent ainsi d’une immunité de ce genre, nous ne pouvons pas être certains qu’elle soit en corrélation avec leur couleur ; mais lorsque plusieurs variétés d’une espèce, de couleurs semblables, présentent ce caractère, tandis que des variétés autrement colorées ne sont pas favorisées de même, une corrélation de cette nature devient très-probable. Ainsi aux États-Unis, plusieurs qualités de pruniers à fruits pourpres, sont beaucoup plus affectées par certaines maladies que les variétés à fruits verts ou jaunes. Diverses sortes de pêches à chair jaune souffrent par contre d’une autre maladie bien plus fortement que les variétés à chair blanche. À l’île Maurice, il en est de même des cannes à sucre rouges comparées aux blanches. Les oignons et les verbenas de couleur blanche sont les plus sujets au blanc, et en Espagne les raisins verts ont été beaucoup plus ravagés par l’oïdium que les variétés colorées. Les pélargoniums et les verbenas foncés sont plus promptement brûlés par le soleil que les variétés d’autres couleurs. On regarde les froments rouges comme plus robustes que les blancs, et on a constaté en Hollande, que, pendant un hiver rigoureux, les jacinthes rouges avaient souffert plus que les variétés d’autres couleurs. Chez les animaux, la maladie des chiens sévit fortement sur le terrier blanc ; les poulets blancs sont particulièrement affectés par un ver parasite de la trachée ; les porcs blancs par l’action du soleil, et le bétail blanc par les mouches. D’autre part, en France, les vers à soie produisant des cocons blancs ont été moins éprouvés par le champignon parasite, que ceux qui donnent des cocons jaunes.

Les cas fort curieux de résistance à l’action de certains poisons végétaux, liée à la couleur, sont jusqu’à présent entièrement inexplicables. J’ai déjà cité, d’après M. Wyman, un