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VARIABILITÉ CORRÉLATIVE.

est plus grand que dans les races à petits pieds. On a observé en Allemagne que la durée de la gestation est un peu plus longue dans les grandes races de bétail que dans les petites. Chez nos animaux améliorés de tous genres, la période de maturité a avancé, tant en ce qui concerne la croissance complète du corps que l’époque de la reproduction, et en corrélation avec ce fait les dents se développent beaucoup plus promptement, de sorte qu’à la grande surprise des agriculteurs, les anciennes règles établies pour l’appréciation de l’âge d’un animal par l’état de sa dentition ont cessé d’être exactes[1].

Variations corrélatives des parties homologues. — Les parties homologues tendent à varier de la même manière, et c’est en effet ce à quoi on pouvait s’attendre, car elles sont identiques par leur forme et leur structure pendant les premières périodes du développement embryonnaire, et sont exposées aux mêmes conditions tant dans l’œuf que dans le sein maternel. La symétrie qui, dans la plupart des animaux, existe entre les organes homologues ou correspondants des deux côtés du corps, en est le cas le plus simple ; mais elle peut faire quelquefois défaut, comme chez les lapins n’ayant qu’une oreille, les cerfs à une corne, ou dans les moutons à cornes multiples, chez lesquels il se rencontre quelquefois une corne supplémentaire sur un des côtés de la tête. Chez les fleurs à corolles régulières, les pétales varient généralement de la même manière, et, comme nous le voyons dans l’œillet de Chine, souvent d’après des modèles fort compliqués et élégants ; mais chez les fleurs à corolles irrégulières, bien que les pétales soient homologues, la symétrie fait souvent défaut, comme dans les variétés du muflier ou dans la variété du haricot (Phaseolus multiflorus) dont le pétale étendard est blanc.

Dans les vertébrés, les membres antérieurs et postérieurs sont homologues, et tendent à varier de la même manière, comme nous le voyons dans les races de chevaux et de chiens à jambes longues ou courtes, et fortes ou minces. Isidore Geoffroy[2] a attiré l’attention sur la tendance qu’ont les doigts surnuméraires à apparaître chez l’homme, non-seulement des côtés droit et gauche, mais aussi sur les extrémités supérieures

  1. Prof. Simonds, sur l’âge du bœuf, du mouton, etc., Gardener’s Chron., 1854, p. 588.
  2. Hist. des anomalies, t. I, p. 674.