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ORGANES RUDIMENTAIRES.

fois se développer et former une dent imparfaite, qui perce la gencive, se recouvre d’émail et peut occasionnellement atteindre le tiers ou le quart de la longueur des canines de l’étalon. J’ignore si, dans les plantes, le redéveloppement des organes rudimentaires a lieu plus fréquemment sous l’influence de la culture que dans l’état naturel. Le poirier est peut-être dans ce cas ; car, sauvage, il porte des épines qui, quoique utiles comme protection, ne sont autre chose que des branches à un état rudimentaire, et qui, lorsque l’arbre est cultivé, se convertissent de nouveau en branches.


Finalement, bien que des organes rudimentaires se rencontrent fréquemment chez nos animaux domestiques et nos plantes cultivées, ils ont généralement été formés subitement par arrêt de développement. Ils diffèrent ordinairement, par leur apparence, des rudiments qui sont si fréquents sur les espèces naturelles. Chez celles-ci les organes rudimentaires se sont lentement réduits à la suite d’un défaut d’usage prolongé, transmis héréditairement chez les descendants à l’âge correspondant, et leur réduction graduelle a encore été facilitée par le principe de l’économie de croissance, le tout régi et réglé par la sélection naturelle. Dans les animaux domestiques, d’autre part, chez lesquels le principe de l’économie de croissance n’intervient pas, bien que les organes puissent être un peu réduits par défaut d’usage, ils ne sont pas aussi complétement effacés, ni aussi rudimentaires.