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ACCLIMATATION.

du Verbascum phœniceum, qui est ordinairement bisannuel, des variétés tant annuelles que vivaces. Quelques arbrisseaux à feuilles caduques deviennent toujours verts dans les pays chauds[1]. Le riz a besoin de beaucoup d’eau, mais il en existe une variété dans l’Inde qui peut croître sans irrigations[2]. Quelques variétés d’avoine et autres céréales de nos pays sont mieux adaptées à certains sols[3] ; et les règnes animal et végétal pourraient fournir une multitude d’autres exemples analogues. Nous les mentionnons ici parce qu’ils expliquent des différences analogues qu’on observe dans des espèces naturelles voisines, et parce que de tels changements dans les habitudes, qu’ils soient dus à l’usage ou au défaut d’usage, à l’action directe des conditions extérieures, ou à ce qu’on nomme la variation spontanée, sont de nature à déterminer des modifications de conformation.

Acclimatation. — Les remarques précédentes nous amènent naturellement au sujet très-discuté de l’acclimatation, à propos duquel deux questions distinctes peuvent se poser. Des variétés descendant de la même espèce diffèrent-elles dans leur aptitude à supporter des climats divers ? Et si elles diffèrent sur ce point, comment sont-elles parvenues à s’y adapter ? Nous avons vu que les chiens européens ne réussissent pas bien dans l’Inde, et on assure[4] que dans ce pays on n’est jamais parvenu à conserver longtemps en vie le Terreneuve ; on peut, il est vrai, et avec raison, dire que ces races du nord sont spécifiquement distinctes des formes indigènes du chien qui prospère dans ces contrées. On peut faire la même remarque sur les diverses races de moutons, dont, d’après Youatt[5] pas une introduite au Jardin Zoologique et provenant de climats tropicaux, ne peut passer la seconde année. Les moutons sont cependant susceptibles d’un certain degré d’acclimatation, car les mérinos élevés au Cap de Bonne-Espérance se sont trouvés bien mieux adaptés au climat de l’Inde, que ceux importés directement d’Angleterre[6]. Il est à peu près certain que

  1. Alph. de Candolle, Géographie botanique, t. II, p. 1078.
  2. Royle, Illustrations of the Botany of the Himalaya, p. 19.
  3. Gardener’s Chronicle, 1850, p. 204, 219.
  4. Rev. R. Everest, Journ. Asiat. Soc. of Bengal, vol. III, p. 19.
  5. Youatt, On Sheep, 1838, p. 491.
  6. Royle, Prod. Resources of India, p. 153.