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DES CONDITIONS EXTÉRIEURES.

stances de milieu, que si celles-ci changent, le caractère se perd ; — ainsi dans les fleurs cultivées, quelques plantes culinaires, le fruit du melon, les moutons à grosse queue, et dans quelques autres races de moutons présentant des toisons particulières.

La production des galles sur les plantes et le changement de plumage chez les perroquets nourris d’aliments spéciaux, ou auxquels on a inoculé du venin de crapaud, nous montrent quelles grandes et singulières modifications de structure et de couleur peuvent être le résultat défini de changements chimiques dans les liquides nutritifs ou les tissus. Nous avons aussi tout lieu de croire que les êtres organisés peuvent être, dans l’état de nature, modifiés de plusieurs manières définies par les conditions auxquelles ils ont été longtemps exposés, comme dans le cas des arbres américains comparés à leurs correspondants en Europe. Mais il est, dans tous ces cas, fort difficile de distinguer entre les résultats définis du changement dans les conditions, et l’accumulation par sélection naturelle des variations avantageuses qui ont pu surgir indépendamment de la nature des circonstances. Si par exemple, une plante avait à se modifier pour pouvoir s’adapter à une station humide au lieu d’une sèche, nous n’avons pas de raisons pour croire que les variations voulues dussent surgir plus fréquemment, si la plante primitive habitait une station un peu plus humide qu’à l’habitude. Que la station soit exceptionnellement sèche ou humide, des variations appropriant légèrement la plante à des conditions d’existence directement opposées devront occasionnellement apparaître, comme nous le montrent certains autres cas.

Dans la plupart des cas, et peut-être dans tous, l’organisation et la constitution de l’être est un élément beaucoup plus important, pour déterminer le genre de variation, que la nature des conditions elles-mêmes. Cela nous est prouvé par l’apparition, sous des conditions différentes, de modifications semblables, et inversement de modifications dissemblables surgissant dans des conditions à peu près analogues ; et mieux encore par le fait que des variétés parallèles apparaissent fréquemment dans certaines races, ou même chez des espèces distinctes ; et par le retour fréquent de certaines monstruosités