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ACTION DÉFINIE

sauvage, ainsi que les diverses galles qui se trouvent sur le chêne, dont quelques-unes ressemblent à des fruits, et ont quelquefois un côté aussi richement coloré que la plus belle pomme. Ces vives couleurs ne peuvent être d’aucune utilité, ni à l’insecte qui produit la galle, ni à l’arbre qui les porte, et sont probablement le résultat direct de l’action de la lumière, de la même manière que les pommes de la Nouvelle-Écosse ou du Canada sont plus brillamment colorées que les pommes anglaises. Je ne pense pas que le partisan le plus enthousiaste de la doctrine que les êtres organisés ont été créés beaux pour plaire à l’humanité, put aller jusqu’à appliquer cette théorie aux galles. D’après la dernière révision de Osten Sacken, les diverses espèces de chêne ne fournissent pas moins de cinquante-huit espèces de galles, produites par des Cynips, et leurs sous-genres ; et M. B. D. Walsh[1] dit qu’il pourrait en ajouter beaucoup d’autres à cette liste. Une espèce américaine de saule, le Salix humilis, porte dix sortes distinctes de galles. Les feuilles qui partent des galles de divers saules anglais, diffèrent complétement par leur forme des feuilles naturelles. Les jeunes pousses de genévrier et de pin donnent, lorsqu’elles sont piquées par certains insectes, des productions monstrueuses, semblables à des fleurs et des cônes ; et la même cause détermine dans certaines plantes un changement d’apparence complet dans leurs fleurs. Il se produit des galles dans toutes les parties du monde ; M. Thwaites m’en a envoyé de Ceylan, dont plusieurs étaient aussi symétriques qu’une fleur composée à l’état de bourgeon ; d’autres lisses et sphériques comme une baie ; quelques-unes protégées par de longues épines ; d’autres enveloppées d’une sorte de laine jaune, formée de longs poils celluleux ; d’autres couvertes de poils en touffes régulières. Dans quelques galles la structure interne est simple, elle est très-complexe dans d’autres ; ainsi M. Lacaze-Duthiers[2] n’a pas figuré dans la noix de galle commune moins de sept couches concentriques, formées de tissus distincts, à savoir : l’épidermique, la sous-épidermique, la spongieuse, l’intermédiaire, puis la couche protectrice dure, formée de cellules ligneuses

  1. Proc. Ent. Soc. Philadelphia, déc. 1866, p. 281 ; pour le saule, ibid., 1864, p. 546.
  2. Histoire des Galles, Annales des sciences nat., 3e  série, Bot., t. xix, 1853, p. 273.