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DE LA VARIABILITÉ.

Les animaux et les plantes restent encore variables pendant une longue période après leur première domestication, mais les conditions dans lesquelles ils se trouvent ne demeurent jamais longtemps tout à fait constantes. Avec le temps ils s’habituent à certains changements et deviennent moins variables ; et il est possible qu’à l’origine de leur domestication, ils l’aient été même davantage qu’actuellement. Il est bien prouvé que les effets des changements de conditions s’accumulent, de sorte qu’il faut que deux ou plusieurs générations soient soumises à des conditions nouvelles avant que l’action de celles-ci soit appréciable. Le croisement de formes distinctes, déjà elles-mêmes devenues variables, augmente la tendance à une variabilité ultérieure chez leurs produits, par un mélange inégal des caractères des ascendants, par la réapparition de caractères dès longtemps perdus, et par l’apparition de caractères absolument nouveaux. Quelques variations sont déterminées par l’action directe des circonstances ambiantes sur l’ensemble de l’organisme, ou sur quelques-unes de ses parties seulement ; d’autres le sont indirectement, par le fait que le système reproducteur est affecté comme il l’est chez tous les êtres organisés qu’on soustrait à leurs conditions naturelles. Les causes qui provoquent la variabilité agissent sur l’organisme adulte, sur l’embryon, et ainsi que nous avons de fortes raisons de le croire, même sur les éléments sexuels, antérieurement à leur réunion pour la fécondation.