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CAUSES

ultérieurement et à fort peu d’exceptions près, elles finissent toutes par se modifier à des degrés divers. Le nombre de générations nécessaire pour que cet effet se produise, ainsi que les progrès graduels de la variation, ont été consignés dans quelques cas, entre autres pour le Dahlia[1]. Après plusieurs années de culture, le Zinnia n’a que tout récemment commencé à varier (1860) d’une manière un peu considérable. Pendant les sept ou huit premières années de sa culture, le Brachycome iberidifolia, a conservé sa couleur originelle ; il a ensuite varié au lilas, au pourpre et autres nuances analogues[2]. On a rapporté des faits analogues pour la rose d’Écosse, et un grand nombre d’horticulteurs compétents s’accordent sur ce point. D’après M. Salter[3], « la principale difficulté est de rompre avec la forme et la couleur primitives de l’espèce, et il faut guetter toute variation naturelle de la graine ou des branches ; car, ce point obtenu, et si léger que soit le changement, tout le reste dépend de l’horticulteur. » M. de Jonghe qui a réussi à produire de nouvelles variétés de poires et de fraises[4], remarque au sujet des premières, « qu’en principe, plus un type a commencé à varier, plus il tend à continuer à le faire, et que plus il a dévié du type primitif, plus il a de disposition à s’en écarter encore davantage. » Nous avons déjà discuté ce dernier point en traitant du pouvoir qu’a l’homme d’augmenter par sélection continuelle, et dans un même sens, toute modification ; pouvoir qui dépend de la tendance de la variabilité à continuer dans la direction suivant laquelle elle a commencé. Vilmorin[5] soutient même que lorsqu’on recherche une variation particulière, la première chose à faire est d’arriver à obtenir une variation quelconque, et de choisir les individus les plus variables, même lorsqu’ils varieraient dans une mauvaise direction ; car une fois les caractères fixes de l’espèce rompus, la variation désirée apparaît tôt ou tard.

La plupart de nos animaux ayant été domestiqués à une époque fort ancienne, nous ne pouvons pas savoir s’ils ont varié promptement ou lentement, lorsqu’ils furent d’abord

  1. Sabine, Hort. Transact., t. III, p. 225. — Bronn, Geschichte, etc., vol. II, p. 119.
  2. Journ. of Hortic., 1861, p. 112. — Gard. Chronicle, 1860, p. 852, sur le Zinnia.
  3. The Chrysanthemum, etc., 1865, p. 3.
  4. Gardener’s Chronicle, 1855, p. 54. — Journal of Horticult., 9 mai 1865, p. 363.
  5. Cité par Verlot, des Variétés, etc., 1865, p. 28.