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CAUSES

CHAPITRE XXII.

CAUSES DE LA VARIABILITÉ.


La variabilité n’accompagne pas nécessairement la reproduction. — Causes assignées par quelques auteurs. — Différences individuelles. — Toute variabilité est due aux changements dans les conditions extérieures. — Nature de ces changements. — Climat, aliments, excès de nourriture. — De légers changements suffisent. — Effets de la greffe sur la variabilité des arbres levés de graine. — Les produits domestiques s’habituent à des conditions changées. — Action accumulée de celles-ci. — Variabilité attribuée à la reproduction consanguine et à l’imagination de la mère. — Du croisement comme cause d’apparition de caractères nouveaux. — Variabilité résultant du mélange des caractères et des effets de retour. — Mode et époque d’action des causes qui provoquent la variabilité, soit directement, soit indirectement par le système reproducteur.


Nous allons maintenant, autant que cela nous sera possible, examiner les causes de la variabilité presque universelle de nos produits domestiques. Le sujet est obscur, mais il est utile que nous nous rendions compte de notre ignorance même. Quelques auteurs, comme le Dr Prosper Lucas, considèrent la variabilité comme un résultat nécessaire de la reproduction, et comme étant, autant que la croissance ou l’hérédité, une loi fondamentale. D’autres ont récemment, et peut-être sans intention, encouragé cette manière de voir en regardant l’hérédité et la variabilité comme des principes égaux et antagonistes. Pallas a soutenu, avec quelques autres auteurs, que la variabilité dépend exclusivement du croisement de formes primordiales distinctes. D’autres l’attribuent à un excès de nourriture, et chez les animaux à son excès relativement à l’exercice qu’ils peuvent prendre, ou encore aux effets d’un climat favorable. Il est très-probable que toutes ces causes contribuent au résultat. Mais je crois que nous devons nous élever plus haut, et conclure que les êtres organisés, soumis pendant plusieurs générations à des changements de conditions quelconques, tendent à varier ; le genre des variations subséquentes dépendant beaucoup plus de la constitution de l’être que de la nature des conditions elles-mêmes.