Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 2, 1868.djvu/252

Cette page a été validée par deux contributeurs.
245
NATURELLE.

les pois communs[1]. D’autre part, le pois à cosse pourpre, dont la coque est dure, résiste beaucoup mieux aux attaques des mésanges (Parus major) que toutes les autres variétés ; le même oiseau fait aussi beaucoup de mal aux noix à coques minces[2] ; on a observé qu’il laissait de côté l’aveline, et se portait plus volontiers sur les autres variétés de noisettes croissant dans le même verger[3].

Certaines variétés du poirier à écorce tendre sont rapidement ravagées par les coléoptères perforants, tandis que d’autres leur résistent beaucoup mieux[4]. Dans l’Amérique du Nord, le charançon attaque surtout les fruits lisses et dépourvus de duvet, et il n’est pas rare de les voir tous tomber de l’arbre aux deux tiers de leur maturité. La pêche lisse est donc plus attaquée que la pêche ordinaire. Une variété particulière de la cerise Morello, qu’on cultive dans l’Amérique du Nord, est aussi, sans cause connue, plus sujette que les autres cerisiers à être dévorée par ces insectes[5]. La pomme Majetin d’hiver jouit du privilège de ne pas être infectée par le coccus. D’autre part, on rapporte un cas dans lequel, dans un grand verger, les pucerons s’étaient exclusivement portés sur le poirier Nélis d’hiver, et n’avaient touché aucune autre variété[6]. La présence de petites glandes sur les feuilles de pêchers et d’abricotiers n’aurait pour les botanistes aucune importance, puisqu’elles peuvent se trouver ou manquer dans des sous-variétés très-voisines et provenant d’une même souche ; on a cependant de bonnes preuves[7] que l’absence de ces glandes favorise le développement du blanc, qui est très-nuisible à ces arbres.

Certaines variétés seront plus promptement que d’autres de la même espèce attaquées par divers ennemis, suivant quelque différence dans leur saveur ou la quantité de matière nutritive qu’elles renferment. Le bouvreuil (Pyrrhula vulgaris) fait beaucoup de tort à nos arbres fruitiers en en dévorant les bourgeons floraux, et on a vu une paire de ces oiseaux dépouil-

  1. Gardener’s Chronicle, 1843, p. 806.
  2. Ibid., 1850, p. 732.
  3. Ibid., 1860. p. 956.
  4. J. de Jonghe, Gard. Chron., 1860, p. 120.
  5. Downing, Fruit-trees of North America, p. 266, 501 ; cerisier, p. 198.
  6. Gardener’s Chronicle, 1849, p. 755.
  7. Journ. of Hort., 1865, p. 254.