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SÉLECTION

un mal causé par un ver parasite de la trachée[1]. On a aussi reconnu par expérience, en France, que les papillons du ver à soie qui produisent les cocons blancs résistent mieux à la maladie que ceux qui produisent des cocons jaunes[2]. On a observé des faits analogues chez les plantes ; un très-bel oignon nouveau importé de France, quoique planté à côté d’autres variétés, fut seul attaqué par un champignon parasite[3]. Les verveines blanches sont surtout sujettes au blanc[4]. Pendant la première période de la maladie de la vigne, près de Malaga, les variétés blanches furent les plus attaquées, et les raisins rouges et noirs, bien que mélangés parmi les plantes malades, n’en souffrirent pas du tout. En France, des groupes entiers de variétés échappèrent relativement, tandis que d’autres, comme les chasselas, n’ont pas offert une seule heureuse exception ; j’ignore si dans ce cas on a observé quelque corrélation entre la couleur et la disposition à prendre la maladie[5]. Nous avons vu dans un précédent chapitre une tendance curieuse à être affectée de blanc, signalée chez une variété du fraisier.

On sait que, dans plusieurs cas, la distribution et même l’existence d’animaux supérieurs dans leurs conditions naturelles sont réglées par des insectes. À l’état domestique, ce sont les animaux à robes claires qui en souffrent le plus : les habitants de la Thuringe[6] n’aiment pas le bétail blanc, gris ou pâle, parce qu’il est bien plus fortement incommodé par différentes mouches que celui qui est brun, rouge ou noir. On a remarqué un cas de nègre albinos[7], qui était tout particulièrement sensible aux piqûres d’insectes. Dans les Indes occidentales[8], on a constaté que les seules bêtes à cornes propres au travail sont celles qui ont beaucoup de noir dans leur pelage ; les blanches sont extrêmement tourmentées par les insectes, et elles sont d’autant plus faibles et apathiques que

  1. Gardener’s Chronicle, 1856, p. 379.
  2. Quatrefages, Maladies actuelles du ver à soie, 1859, p. 12, 214.
  3. Gard. Chronicle, 1851, p. 595.
  4. Journ. of Horticulture, 1862, p. 476.
  5. Gardener’s Chronicle, 1852, p. 435, 691.
  6. Bechstein, Naturg. Deutschlands, 1801, vol. I, p. 310.
  7. Prichard, Phys. Hist. of Mankind, 1851, vol. I, p. 224.
  8. G. Lewis, Journ. of Residence in West Indies ; Home and Col. Library, p. 100.