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SÉLECTION

mermuir, ne trouvant pas dans les maigres pâturages de cette localité les éléments nécessaires à la conservation de leur forte conformation, y diminuèrent peu à peu, chaque génération devenant inférieure à la précédente ; et lorsque les printemps étaient rigoureux, les deux tiers seulement des agneaux pouvaient survivre[1]. On a trouvé de même que le bétail de montagne du nord du pays de Galles et des Hébrides ne pouvait pas supporter le croisement avec les races plus grandes et plus délicates des régions basses. Deux naturalistes français font la remarque que chez les chevaux circassiens, exposés, comme ils le sont, à d’extrêmes vicissitudes de climats, ayant à chercher une nourriture chétive et peu abondante, et à se défendre sans cesse contre les attaques des loups, il n’y a que les plus robustes et les plus vigoureux qui survivent[2].

Chacun a dû être frappé de la grâce, de la puissance et de la vigueur du coq de Combat, avec son air hardi et confiant, son cou ferme quoique allongé, son corps compacte, ses ailes et ses cuisses puissantes, son bec fort et massif à sa base, ses ergots durs et acérés, placés bas sur la jambe, et son plumage serré, lisse et, comme une cotte de mailles, lui servant d’armure défensive. Le coq de Combat n’a pas seulement été, depuis bien des années, amélioré par la sélection humaine, mais encore, comme le fait remarquer M. Tegetmeier[3], par une sorte de sélection naturelle, car les oiseaux les plus courageux, les plus actifs et les plus forts, ayant successivement terrassé dans l’arène de combat, génération par génération, leurs antagonistes inférieurs, sont restés en définitive les seuls procréateurs de leur espèce.

Autrefois, en Angleterre, presque chaque district avait sa race propre de gros bétail et de moutons ; elles étaient pour ainsi dire appropriées au sol, au climat et aux pâturages des localités où elles vivaient, et semblaient avoir été faites par et pour elles[4]. Il nous est dans ce cas impossible de démêler les effets de l’action directe des conditions extérieures, — de l’usage ou des habitudes, — de la sélection naturelle, — et de

  1. Youatt, On Sheep, p. 325 ; On Cattle, p. 62, 69.
  2. MM. Lherbette et Quatrefages, Bull. Soc. d’accl., t. VIII, 1861, p. 311.
  3. The Poultry Book, 1866, p. 123.
  4. Youatt, Sheep, p. 312.