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SÉLECTION.

la forme et la grosseur de la gousse, mais encore plus par la fève même, la partie essentielle de la plante. La fève Toker, par exemple, est deux fois et demie aussi longue et aussi large que la féverole, et plus mince et d’une forme différente.

Les variétés du groseillier diffèrent considérablement par le fruit, mais à peine par leurs fleurs ou organes de végétation. Chez le prunier, les différences sont également plus grandes chez les fruits que dans le feuillage ou les fleurs. Les graines du fraisier, qui correspondent au fruit du prunier, ne diffèrent presque pas du tout ; tandis que chacun sait combien le fruit, — qui dans la fraise n’est que le réceptacle développé, — est différent dans les diverses variétés. Dans les pommiers, poiriers et pêchers, les fleurs et feuilles diffèrent considérablement, mais pas d’une manière aussi forte que les fruits. Les pêchers chinois à fleurs doubles montrent, d’autre part, qu’on a formé des variétés de cet arbre, différant plus par la fleur que par le fruit. Si, comme cela est extrêmement probable, le pêcher est un descendant modifié de l’amandier, il s’est opéré des changements remarquables dans une même espèce, dans la pulpe charnue des fruits du premier, et dans les noyaux du second.

Lorsque des parties se trouvent en connexion aussi intime l’une avec l’autre que le sont la pulpe (quelque puisse être sa nature au point de vue homologique) et le noyau, si l’une d’elles est modifiée, l’autre l’est en général aussi, mais pas nécessairement au même degré. Dans le prunier, par exemple, quelques variétés donnent des prunes presque semblables, mais dont les noyaux peuvent différer beaucoup ; d’autres, au contraire, peuvent porter des fruits très-dissemblables, mais dont les noyaux sont presque identiques ; et en général les noyaux, quoique non soumis à la sélection, varient passablement suivant les variétés. Dans d’autres cas, des organes entre lesquels on ne peut saisir de relation apparente varient ensemble, en suite de quelque liaison inconnue, et par conséquent sont susceptibles, sans intention de la part de l’homme, de céder simultanément à l’action de la sélection. Ainsi les variétés de Giroflées (Matthiola), qui ont été choisies uniquement pour la beauté de leurs fleurs, ont des graines différant considérablement par leur grosseur et leur couleur. Des variétés de laitues qu’on ne