Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 2, 1868.djvu/219

Cette page a été validée par deux contributeurs.
212
SÉLECTION.

et leur propagation par graine n’avaient pas été faites. Les nuances de différences les plus légères dans le froment ont été observées et choisies avec autant de soins que pour les animaux, ainsi que nous le voyons dans les ouvrages du col. Le Couteur ; mais la sélection n’a jamais été bien longtemps continuée sur nos céréales.

En fait, la grande amélioration de toutes nos plantes anciennement cultivées peut être attribuée à l’action continue d’une sélection partiellement inconsciente, partiellement méthodique. J’ai, dans un chapitre antérieur, montré combien une culture et une sélection systématiques ont augmenté le poids de la groseille épineuse. Les fleurs de pensées ont également augmenté de grandeur et gagné en régularité de contours. M. Glenny[1], alors que les cinéraires avaient des fleurs irrégulières, étoilées et d’une couleur mal définie, fixa un type qui fut alors regardé comme impossible à atteindre, et qui, fût-il réalisé, n’aurait, disait-on, aucun avantage, parce qu’il gâterait la beauté des fleurs. Il n’en poursuivit pas moins son projet, et la suite lui donna raison. On est plusieurs fois parvenu à obtenir par sélection des fleurs doubles ; le Rév. W. Williamson[2] après avoir pendant plusieurs années semé de la graine d’Anemone coronaria, trouva une plante pourvue d’un seul pétale additionnel ; il en sema la graine, et, en persévérant dans la même direction, finit par obtenir plusieurs variétés avec six ou sept séries de pétales. La rose d’Écosse simple se doubla et donna huit variétés dans le laps d’une dixaine d’années[3]. La Campanula medium fut doublée par une sélection soigneuse au bout de quatre générations[4]. Par la culture et une sélection rigoureuse, M. Buckman[5] a converti en quatre ans du panais sauvage levé de graine en une bonne et nouvelle variété. Une sélection soutenue pendant plusieurs années a avancé de dix à vingt et un jours l’époque de maturation des pois[6]. Depuis que la betterave est cultivée en France, elle a à peu près doublé son rendement en sucre ;

  1. Journ. of Horticult., 1862, p. 369.
  2. Trans. Hort. Soc., vol. IV, p. 381.
  3. Ibid., p. 285.
  4. Rev. W. Bromehead, Gard. Chron., 1857, p. 550.
  5. Gardener’s Chronicle, 1862, p. 721.
  6. Dr Anderson, The Bee, vol. VI, p. 96. — Barnes, Gardener’s Chronicle, 1844, p. 476.