Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 2, 1868.djvu/216

Cette page a été validée par deux contributeurs.
209
SÉLECTION MÉTHODIQUE.

examiner minutieusement leur forme et leur laine. Les plus fins sont réservés pour la reproduction et reçoivent une première marque. À l’âge d’un an, avant de les tondre, on soumet ceux qui ont reçu la première marque à un second examen, on marque une seconde fois ceux qu’on trouve sans défauts, et le reste est condamné. Quelques mois après, on procède à une troisième et dernière visite, les béliers et brebis de premier choix reçoivent une troisième marque, mais la plus légère imperfection suffit pour faire rejeter l’animal. » On n’élève ces moutons que pour finesse de leur laine, et le résultat répond au travail auquel on se livre pour leur sélection. On a inventé des instruments pour mesurer exactement l’épaisseur de la fibre, et on a obtenu des toisons autrichiennes dont douze brins de laine égalaient une seule fibre de la laine d’un mouton Leicester.

Dans toutes les parties du monde où l’on produit de la soie, on choisit avec les plus grands soins les cocons qu’on destine à produire les papillons pour la reproduction. Un bon sériciculteur[1] doit aussi examiner ceux-ci après l’éclosion, et détruire ceux qui ne sont pas parfaits. En France, certaines familles se vouent à la production des œufs pour la vente[2]. Près de Shanghaï en Chine, les habitants de deux petits districts ont le privilége de fournir la graine pour toute la contrée avoisinante, et afin qu’ils puissent consacrer tout leur temps à cette occupation, la loi leur interdit la production de la soie[3].

Les éleveurs les plus habiles prennent les plus grands soins pour l’appariage des oiseaux. Sir J. Sebright, dont la réputation s’est perpétuée par le Bantam qui porte son nom, passait souvent deux ou trois jours à examiner, consulter et discuter avec un ami, lesquels de cinq ou six oiseaux étaient les meilleurs[4]. M. Bult, dont les Grosses-gorges ont gagné tant de prix, et ont été exportés jusqu’aux États-Unis, me dit qu’il délibérait souvent pendant plusieurs jours avant d’apparier ses oiseaux ; nous pouvons donc comprendre les conseils

  1. Robinet, Vers à soie, 1848, p. 271.
  2. Quatrefages, Les maladies des vers à soie, 1859, p. 101.
  3. M. Simon, Bull. Soc. d’accl., t. IX, 1862, p. 221.
  4. The Poultry Chronicle, vol. I, 1854, p. 607.