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HÉRÉDITÉ.

les bonnes ou mauvaises dents, la finesse de la peau, etc., etc. A. Knight assure que, même chez les plantes, les maladies sont héréditaires, et Lindley a confirmé cette assertion[1].

Puisque les mauvaises qualités sont héréditaires, il est au moins heureux que la santé, la vigueur et la longévité le soient également. On sait que c’était autrefois l’habitude, lorsqu’on achetait des annuités à recevoir du vivant d’un nominataire, de choisir, à cet effet, une personne appartenant à une famille dont les membres étaient réputés par leur longévité. Le cheval anglais offre un exemple remarquable de l’hérédité de la vigueur et de la résistance. Eclipse a procréé 334 et King-Herod 497 chevaux vainqueurs. Il y a fort peu d’exemples de chevaux presque de pure race et ne contenant qu’un huitième à un seizième de sang impur, qui l’aient emporté sur leurs concurrents dans une grande course. Ils sont quelquefois aussi rapides que les pur-sang, dans une course de peu de durée, mais, selon l’assertion de M. Robson, un grand entraîneur, ils manquent de souffle et ne peuvent soutenir l’allure. M. Lawrence a aussi fait la remarque qu’on n’a jamais vu de cas d’un cheval trois quarts de sang ayant pu conserver sa distance en courant l’espace de deux milles avec des pur-sang. Cecil a constaté que toutes les fois que des chevaux inconnus, dont les parents n’étaient pas célèbres, ont, contre toute attente, gagné des prix dans de grandes courses, comme dans le cas de Priam, on a toujours pu prouver qu’ils descendaient des deux côtés, au travers d’un plus ou moins grand nombre de générations, d’ancêtres de premier ordre. Sur le continent, et dans un journal vétérinaire périodique d’Allemagne, le baron Cameronn défie les détracteurs du cheval de course anglais, de nommer sur le continent un seul bon cheval, qui n’ait pas dans ses veines du sang anglais[2].

Quant à la transmission des caractères peu prononcés, mais infiniment variés, qui distinguent les races domestiques d’animaux et de plantes, nous n’avons pas besoin d’en parler, car

    O. C., t. I, p. 399. — M. Baker donne dans le Veterinary, vol. XIII, p. 721, un cas frappant de l’hérédité de la vision imparfaite.

  1. Knight, The culture of the Apple and Pear, p. 34. — Lindley, Horticulture, p. 180.
  2. Youatt, The Horse, p. 48. — Darvill, The Veterinary, vol. VIII, p. 50. — Robson, The Veterinary, vol. III, p. 580. — Lawrence, The Horse, 1829, p. 9. — The Stud Farm, par Cecil, 1851. — Baron Cameronn, cité dans The Veterinary, vol. x, p. 500.