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DES CHANGEMENTS DE CONDITIONS

tiquée, reproduit si rarement dans son pays natal du Paraguay, que, d’après Rengger[1], le fait aurait besoin d’être confirmé. M. Bates remarque que le tapir ne se reproduit jamais, quoique souvent apprivoisé par les Indiens dans les Amazones. Les Ruminants se reproduisent facilement en Angleterre, bien que provenant des climats les plus différents, comme le montrent les Rapports annuels du Jardin Zoologique, et les observations faites dans la ménagerie de lord Derby.

Les Carnivores, à l’exception des plantigrades, reproduisent généralement presque aussi volontiers que les ruminants, mais présentent quelquefois des exceptions capricieuses. Plusieurs espères de Félidés se sont reproduites dans diverses ménageries, bien qu’importées de climats divers et étroitement enfermées. M. Bartlett, le surintendant actuel du Jardin Zoologique[2], remarque que, de toutes les espèces du genre, c’est le lion qui paraît reproduire le plus fréquemment et donne le plus de petits par portée. Le tigre n’a reproduit que, rarement, mais on a plusieurs cas authentiques de tigres femelles ayant produit avec le lion. Si étrange que le fait puisse paraître, il est constant qu’en captivité, beaucoup d’animaux s’unissent avec des espèces distinctes, et produisent avec elles des hybrides, tout aussi et même plus facilement qu’avec leur propre espèce. D’après des renseignements du Dr Falconer et d’autres, il paraît que le tigre captif dans l’Inde ne reproduit pas, quoiqu’il s’accouple. Le guépard, (Felis jubata) n’a jamais reproduit en Angleterre, mais bien à Francfort ; il ne reproduit pas non plus dans l’Inde, où on le garde en grand nombre pour la chasse ; mais comme il n’y a que les individus qui aient déjà chassé pour leur propre compte, et à l’état de nature, qui puissent être utilisés, et qui vaillent la peine d’être dressés[3], on n’a jamais cherché à les faire reproduire en captivité. D’après Rengger, il y a au Paraguay deux espèces de chats sauvages, qui, quoique apprivoisés, ne reproduisent jamais. Bien que beaucoup de Félidés s’unissent facilement au Jardin Zoologique, la conception ne suit pas toujours l’accouplement : dans le rapport des neuf ans, plusieurs espèces sont signalées comme s’étant accouplées soixante-treize fois, et il est probable que d’autres unions ont dû passer inaperçues, et n’ont cependant produit que quinze naissances. Au Jardin Zoologique, les Carnivores étaient autrefois moins exposés à l’air et au froid qu’actuellement ; et, à ce que m’a assuré l’ancien directeur, M. Miller, ce changement a beaucoup augmenté leur fécondité. M. Bartlett, juge des plus compétents, constate à ce sujet qu’il est remarquable que, dans les ménageries ambulantes, les lions produisent beaucoup plus facilement qu’au Jardin Zoologique ; il est possible que l’excitation constante produite par le mouvement ou par le changement d’air puisse avoir quelque influence sur la reproduction.

Un grand nombre d’animaux du groupe des chiens se reproduisent facilement en captivité. Le Dhole est un des animaux qu’on peut le moins

  1. Säugethiere, p. 327.
  2. On the Breeding of the larger Felidæ. Proc, Zool. Soc., 1861, p. 140.
  3. Sleeman’s, Rambles in India, vol. II, p. 10.