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CAUSES QUI ENTRAVENT

et de volailles, que toute stérilité réelle eût été certainement remarquée comme désavantageuse. L’étude de la fécondité des variétés croisées donne prise à bien des doutes. Toutes les fois que Kölreuter, et encore plus Gärtner, qui comptait minutieusement les graines contenues dans chaque capsule, ont observé la moindre trace de stérilité entre deux plantes, ils regardaient d’emblée les deux formes comme des espèces distinctes ; or, en suivant cette règle, on n’arriverait assurément jamais à prouver que les variétés croisées soient à aucun degré stériles. Nous avons vu que certaines races de chiens ne s’apparient pas volontiers ; mais on n’a point fait d’observations pour savoir si, lorsqu’on les apparie, elles produisent le nombre voulu de petits, et si ces derniers sont parfaitement féconds inter se ; mais en admettant qu’on constatât chez eux quelque degré de stérilité, les naturalistes en concluraient simplement que ces races proviennent d’espèces primitives distinctes, et il serait à peu près impossible de vérifier si l’explication est, oui ou non, la vraie.

Les Bantams Sebright sont moins féconds qu’aucune autre race galline, et proviennent d’un croisement fait entre deux races bien distinctes, dont les produits ont été recroisés avec une troisième variété. Mais il serait fort téméraire de conclure que la fécondité moindre de cette race soit en aucune façon en connexion avec son origine croisée, car on peut, avec plus de probabilité, l’attribuer à une reproduction en dedans trop longtemps prolongée, ou à une tendance innée à la stérilité en corrélation avec l’absence des plumes sétiformes et des pennes en forme de faucille de la queue.

Avant de passer à l’examen des cas, peu nombreux d’ailleurs, des formes qu’on doit regarder comme des variétés et qui manifestent quelque stérilité lorsqu’on les croise, je dois faire remarquer qu’il y a d’autres causes qui font obstacle au libre croisement des variétés entre elles. Il y a les trop grandes différences de taille, comme pour quelques races de chiens et de volailles ; ainsi, par exemple, l’éditeur du Journal of Horticulture, etc.[1], dit qu’on peut tenir ensemble les Bantams et les grandes races sans qu’il y ait grand danger qu’elles se

  1. Déc. 1863. p. 484.