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COULEURS ET RAIES.

alezan, présentent les trois sortes de raies. Je n’ai jamais vu de bandes chez les chevaux à manteau alezan avec crins blancs[1].

J’ai voulu chercher, pour des raisons qui seront expliquées au chapitre des retours ou de la réversion, à savoir si les chevaux appartenant à la catégorie des couleurs qui offrent plus souvent que les autres les bandes foncées, sont parfois le produit du croisement d’individus qui n’appartiennent ni l’un ni l’autre à cette catégorie. La plupart des personnes auprès desquelles j’ai pris des informations, pensent qu’un des deux parents au moins, doit y appartenir, et on admet généralement que, quand c’est le cas, le manteau et ses bandes sont fortement héréditaires[2]. J’ai observé le cas d’un poulain né d’une jument noire par un cheval bai, et qui, arrivé à son complet développement, prit un manteau alezan foncé avec une raie dorsale distincte, mais étroite. Hofacker[3] cite deux cas de chevaux à manteau gris-souris foncé, produits tous deux par des parents de couleur différente. J’ai essayé, mais sans grand succès, de déterminer si les raies sont plus ou moins distinctes dans le poulain que dans le cheval adulte. Le colonel Poole m’apprend que les bandes sont plus nettes lors de la naissance du poulain. Elles deviennent ensuite de moins en moins distinctes, jusqu’au renouvellement des poils, où elles reparaissent aussi fortes qu’avant ; souvent ensuite elles s’effacent avec l’âge. D’autres renseignements me confirment cette disparition des bandes chez les vieux chevaux dans l’Inde. Un autre auteur par contre, signale des poulains nés d’abord sans bandes, et chez lesquels il en est apparu plus tard. Trois autorités affirment qu’en Norwége les marques sont moins apparentes chez le poulain que chez l’adulte. Il n’y a peut-être pas de règle fixe. Dans le cas que j’ai décrit plus haut, du jeune poulain dont le corps entier était rayé, il ne peut y avoir de doute sur la disparition complète et précoce de ces marques. M. W. Edwards a examiné pour moi vingt-deux poulains de chevaux de course ; douze ont montré une raie dorsale plus ou moins distincte, fait qui, joint à quelques autres, me porte à croire que la bande dorsale disparaît souvent avec l’âge chez le coureur anglais. En somme, je conclus que les raies sont en général plus apparentes chez le jeune animal et tendent à s’effacer plus tard.


Les bandes sont variables pour la couleur, mais elles sont toujours plus foncées que le reste du corps. Elles ne coexistent pas toujours nécessairement dans toutes les parties du corps ; les jambes peuvent être rayées et pas l’épaule, ou l’inverse ; mais je n’ai jamais entendu parler des raies aux jambes ou à l’épaule sans la bande dorsale. Celle-ci est de beaucoup la plus commune de toutes, comme on peut s’y attendre, puis-

  1. Voir The Field, July 27, 1861, p. 91.
  2. The Field, 1861, p. 431, 493, 545.
  3. Ueber die Eigenschaften, etc., 1823, p. 12, 13.