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PRÉFACE.

les animaux domestiques et les plantes cultivées à leur gré, et ont ainsi battu en brèche, sans le savoir, ce que nous avons cru être établi d’une manière définitive. Les travaux de M. Darwin, en nous éveillant de notre sommeil d’une manière douloureuse, surtout pour certaines autorités, nous dévoilent l’abîme qui s’est creusé lentement entre la théorie et la pratique. La tâche d’un avenir prochain sera de combler cette lacune en mettant la science au niveau de la pratique.

Dans toutes les sciences d’observation, il se manifeste, depuis un certain temps, une tendance générale à rechercher, à étudier des causes infiniment petites en apparence, mais qui, par la longueur des temps, comme par les masses sur lesquelles elles opèrent, accumulent leurs effets d’une manière surprenante. Je n’ai pas besoin d’insister sur les inévitables révolutions qui se sont opérées dans certaines sciences par la découverte de ces causes infiniment petites et souvent inappréciables dans les laboratoires. L’astronomie, la physique, la chimie, se sont enrichies d’une quantité de vues nouvelles ; la géologie a secoué, sous l’influence de ces études, la stupeur dans laquelle l’avaient plongée le fracas des cataclysmes et des soulèvements soudains ; — aujourd’hui le tour des sciences organiques est venu ; elles doivent marcher dans la même direction et soulever un coin du voile qui couvre l’origine du monde organisé, celle des animaux et des végétaux.

Certes elle était bien commode cette théorie, aujourd’hui devenue insoutenable, mais à laquelle on s’accroche encore