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VARIATION.

une race de chats qui aurait été aux autres, ce que le bichon est aux chiens plus grands, eût été probablement d’une grande valeur ; et chaque pays civilisé en aurait certainement créé quelques-unes, si la sélection eût pu être mise en jeu ; car ce n’est pas la variabilité qui fait défaut dans l’espèce.

Dans nos pays nous voyons une assez grande variété dans la taille, les proportions du corps, et considérable dans la coloration des chats. Quoique je ne me sois occupé de ce point que depuis peu, j’ai déjà eu connaissance de quelques cas de variations fort singuliers, celui d’un chat né dans les Indes occidentales sans dents et resté tel toute sa vie. M. Tegetmeier m’a montré le crâne d’une chatte dont les canines s’étaient développées au point de dépasser les lèvres ; la dent entière avait 0,95 de pouce de longueur, et la partie nue de la dent jusqu’à la gencive avait 0,6 de pouce. On m’a parlé d’une famille de chats sexdigitaires. La queue varie beaucoup de longueur ; j’ai vu un chat qui, lorsqu’il était content portait la queue rabattue à plat sur son dos. Les oreilles varient de forme, quelques familles en Angleterre, portent à l’extrémité des oreilles, un pinceau de poils longs d’un quart de pouce ; M. Blyth dit que cette même singularité caractérise quelques chats de l’Inde. La variabilité dans la longueur de la queue et les pinceaux de poils à la pointe des oreilles paraissent correspondre à des différences analogues qui existent dans certaines espèces sauvages du genre. Une différence plus essentielle est que, d’après Daubenton[1] les intestins des chats domestiques sont plus larges et d’un tiers plus longs que ceux des chats sauvages de même taille ; résultat dû probablement à leur régime moins exclusivement carnivore.

  1. Cité par Geoff. St-Hilaire. O. C. t. III, p.427.