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PRÉFACE.

globe, et dans un travail silencieux mais opiniâtre de plus de vingt ans. Le Traité sur les animaux domestiques et les plantes cultivées, dont M. Moulinié nous donne aujourd’hui la traduction, est le premier des suppléments annoncés ; il sera suivi, comme nous l’apprenons par plusieurs notes du texte, de quelques autres traités sur des sujets qui se rattachent plutôt à la question de l’espèce proprement dite, tandis que notre livre traite à fond la question de la production des races et des variétés.

Un éminent chimiste visitait, il n’y a pas longtemps, une des grandes fabriques chimiques des bords du Rhin. Après avoir étudié dans tous les détails plusieurs procédés nouveaux, « il faut avouer, dit-il au propriétaire, que nous autres théoriciens nous sommes toujours de quelques pas en arrière. Vous observez certains faits sans intérêt scientifique immédiat, mais qui nous échappent complètement ; cependant, comme ils vous intéressent au plus haut degré sous le point de vue pratique, vous les poursuivez en les appliquant à votre fabrication, et, quelques années plus tard, nous devons rechercher à notre tour le pourquoi et le comment de certaines opérations, dont la théorie ne peut pas rendre compte ! »

Il en est de même, nous devons l’avouer, dans les domaines de la zoologie et de la botanique. Poussant nos recherches dans d’autres directions, nous avons trop délaissé, nous autres naturalistes, certains côtés pratiques, et aujourd’hui nous nous apercevons que les praticiens, les éleveurs et les jardiniers, nous ont dépassés de beaucoup en façonnant