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RÉSUMÉ

quand nous réfléchissons à des cas comme ceux du pêcher, qui a été suivi et observé avec tant de soin, et chez lequel on a propagé de graine tant de variétés insignifiantes ; et cependant cet arbre a, à maintes reprises, donné par variation de bourgeons, des pêches lisses ; tandis qu’il n’a produit (d’après ce que j’ai pu savoir), que deux variétés de vrais pêchers, les Grosse mignonne tardive et précoce, qui ne diffèrent d’ailleurs de la forme souche que presque uniquement par leur période de maturation.

M. Salter m’a appris, à ma grande surprise, qu’il applique la sélection aux plantes panachées propagées de bourgeons, et que, par ce moyen, il a pu améliorer et fixer plusieurs variétés. Ainsi une branche peut d’abord ne présenter de feuilles panachées que d’un seul côté, feuilles imparfaites, et n’étant qu’irrégulièrement bordées de jaune ou de blanc, ou marquées seulement de quelques lignes de ces mêmes couleurs. Pour améliorer et fixer ces variations, il faut favoriser le développement des bourgeons qui se trouvent à la base des feuilles les mieux marquées, et ne propager que ceux-là. En suivant avec persévérance cette marche, pendant trois ou quatre saisons consécutives, on peut obtenir de cette manière une variété fixe et distincte.

Finalement, les faits que nous avons donnés dans ce chapitre, démontrent combien le germe d’une graine fécondée, et la petite masse cellulaire qui constitue le bourgeon, se ressemblent d’une manière remarquable, par leurs fonctions, — par leur force d’hérédité, avec retour occasionnel, — et par leur aptitude à présenter des variations de nature semblable, et soumises aux mêmes lois. Cette analogie, ou plutôt cette identité, est encore plus frappante si on peut avoir confiance dans les faits qui semblent indiquer que le tissu cellulaire d’une espèce ou variété, greffé sur une autre, peut donner naissance à un bourgeon ayant des caractères intermédiaires.

Nous avons vu dans ce chapitre que la variabilité n’est pas nécessairement liée à la génération sexuelle, quoiqu’elle paraisse l’accompagner beaucoup plus souvent que la reproduction par bourgeons. Nous voyons aussi que la variabilité des bourgeons ne dépend pas uniquement de l’atavisme ou du retour à des caractères depuis longtemps perdus, ou acquis à la suite d’un