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RÉSUMÉ

parfois, et par bourgeons, retour aux couleurs des variétés parentes plus persistantes. C’est certainement ce qui est arrivé pour le Pélargonium « Rollisson’s Unique, » et il peut en avoir été de même pour les variétés de bourgeons des Dahlias et pour les Tulipes. Il est cependant des cas de variations de bourgeons, qui ne sont point attribuables à un effet de retour, et ne sont qu’un fait de variabilité spontanée ; c’est ce qui a lieu ordinairement pour les plantes cultivées levées de graines. Comme une seule variété de Chrysanthème a produit par bourgeons six autres variétés, et qu’une variété du Groseiller épineux a pu donner en même temps quatre variétés distinctes de fruits, il n’est guère possible d’admettre que toutes ces variations soient des retours à des formes parentes antérieures. Ainsi que nous l’avons déjà fait remarquer, on ne peut croire que tous les pêchers qui ont fourni des bourgeons de pêches lisses aient eu une origine croisée. Enfin, dans les cas comme celui de la rose mousseuse avec son calice particulier, de la rose à feuilles opposées, dans celui de l’Imatophyllum, etc., on ne connaît aucune espèce naturelle, ou variété de graine, d’où ces caractères aient pu dériver par croisement. Tous ces cas sont donc attribuables à une variabilité propre des bourgeons. Les variétés ainsi formées ne se distinguent par aucun caractère extérieur des plantes levées de graine, ce qui est très-manifeste chez les Roses, Azaleas, et quelques autres. Notons encore que les plantes qui ont fourni beaucoup de variations par bourgeons, ont également beaucoup varié par graine.

Nous avons constaté ces variations chez des plantes appartenant aux ordres les plus divers, d’où nous pouvons admettre que probablement toute plante placée dans les conditions convenables doit être susceptible de variation par bourgeons. Ces conditions, autant que nous pouvons en juger, sont surtout une culture soignée et longtemps prolongée ; car presque toutes les plantes dont nous avons parlé sont vivaces, et ont été largement propagées dans différents sols et climats, par boutures, rejetons, bulbes, tubercules et surtout par greffe. Les cas de plantes annuelles variant par bourgeons, ou présentant des fleurs de diverses couleurs sur une même plante, sont relativement rares : Hopkirk[1] l’a observé sur le Convolvulus tricolor ;

  1. Flora anomala, p. 164.