Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 1, 1868.pdf/446

Cette page a été validée par deux contributeurs.
430
RÉSUMÉ

teurs de la femelle, si étonnante qu’elle soit, et non l’embryon croisé. Chez les oiseaux, où il ne peut y avoir, comme pour les mammifères, aucune connexion entre l’embryon et la mère, un observateur consciencieux, le Dr  Chapuis[1], a constaté que dans le pigeon, l’influence d’un premier mâle se manifeste quelquefois dans les couvées subséquentes ; cependant le fait mériterait confirmation.

Conclusions et résumé du chapitre. — Les faits que nous venons d’exposer méritent d’être pris en considération, car ils nous montrent qu’une forme organique peut entraîner la modification d’une autre, par plusieurs modèles extraordinaires, et même sans l’intervention de la reproduction séminale. Nous venons de voir qu’il y a évidence que l’élément mâle peut affecter directement la conformation de la femelle, et dans les animaux déterminer même une modification de sa progéniture. Nous avons donné des preuves nombreuses, montrant que les tissus de deux plantes peuvent s’unir et former un bourgeon ayant un caractère mixte, ou encore que des bourgeons entés sur une souche peuvent affecter tous les bourgeons ultérieurement produits par cette souche. Deux embryons différents contenus dans une même graine, peuvent se souder et donner naissance à une seule plante. Les produits du croisement de deux espèces ou variétés peuvent, dans la première génération ou dans les suivantes, faire retour par variation de bourgeons, et à des degrés divers, aux formes parentes ; ce retour peut porter sur l’ensemble de la fleur, du fruit, du bourgeon foliifère, ou seulement sur la moitié ou une fraction plus petite, ou sur un organe isolé. Il semble que, dans quelques cas, cette séparation de caractères soit plutôt due à un défaut de combinaison qu’à un retour, car les fleurs et les fruits d’abord produits portent par places les caractères séparés des deux parents. Quelle qu’ait pu être l’origine du Cytisus Adami et de l’Orange Bizarria, les deux espèces parentes se trouvent ou mélangées sous la forme d’un hybride stérile, ou reparaissent avec tous leurs caractères propres et leurs organes reproducteur, et ces arbres, conservant leurs caractères capricieux, peuvent se propager par bourgeons. Tous ces faits doivent être pris en considération pour

  1. Le Pigeon voyageur belge, 1863, p. 59.