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MODES ANORMAUX

semblables à celles du C. purpureus, mais en les examinant de plus près, j’ai trouvé qu’elles différaient de l’espèce pure par des tiges plus épaisses, des feuilles plus larges et des fleurs plus petites, à corolle et calice d’une couleur pourpré moins brillante ; la partie basilaire de l’étendard portait aussi une trace de la tache jaune. Les fleurs n’avaient donc pas, dans ce cas, repris leurs caractères exacts, elles n’étaient pas non plus très-fertiles, car plusieurs siliques ne renfermaient pas de graines, quelques-unes en contenaient une, et un très-petit nombre deux ; tandis que sur un C. purpureus pur de mon jardin, les siliques contenaient trois, quatre et même cinq graines. Le pollen était en outre très-imparfait, un grand nombre de ses grains étaient petits et ridés, fait d’autant plus singulier que, sur l’arbre parent aux fleurs rouges et stériles, les grains de pollen étaient en apparence en un bien meilleur état, et il n’y en avait que fort peu de racornis. Quoi qu’il en soit de l’apparence chétive des grains de pollen de la plante à fleurs pourpres, les ovules furent bien formés, et après leur maturation, germèrent facilement. M. Herbert ayant semé des graines de cette plante, obtint des produits ne différant que très-peu du C. purpureus ordinaire, mais ce terme même montre qu’ils n’avaient pas complètement repris leurs caractères propres.

Le professeur Caspary a trouvé que les ovules des fleurs rouge foncé et stériles du C. Adami qu’il a examinées sur le continent[1], étaient généralement monstrueux. J’ai observé le même fait sur trois plantes que j’ai vues en Angleterre, le nucléus variait beaucoup dans sa forme, et faisait irrégulièrement saillie au delà de ses enveloppes. Les grains de pollen, d’autre part, semblaient bons, et projetaient bien leurs tubes polliniques. En comptant sous le microscope le nombre proportionnel de mauvais grains, le professeur Caspary a constaté qu’il n’y en avait que 2,5 pour cent, proportion qui est plus faible qu’elle n’est pour les pollens des trois espèces de cytises cultivées, et qui sont les C. purpureus, laburnum, et alpinus. Malgré la bonne apparence du pollen du C. Adami, les observations de M. Naudin[2] sur les Mirabilis, montrent qu’on ne peut pas en conclure à son efficacité fonctionnelle. Le fait de la monstruosité des ovules du C. Adami, et de l’état sain de son pollen, est d’autant plus remarquable, que c’est l’inverse de ce qui arrive, non-seulement dans les autres hybrides[3], mais aussi dans deux hybrides du même genre, les C. purpureo-elongatus, et le C. Alpino-laburnum. Dans tous deux, ainsi que le professeur Caspary et moi-même l’avons vu, les ovules étaient bien constitués, tandis que beaucoup de grains de pollen étaient difformes, et la proportion des mauvais se montait à 84,8 pour cent dans le premier hybride, et à 20,3 pour cent dans le second. Le professeur Caspary a invoqué cette condition peu ordinaire des éléments reproducteurs mâles et femelles du C. Adami, comme un argument contre l’opinion que cette plante soit un hybride ordinaire provenant de graine ; mais nous ne devons pas oublier

  1. Transact. of Hort. Congress of Amsterdam, 1865 ; la plupart des renseignements m’ont été transmis par le prof. Caspary.
  2. Nouvelles Archives du Muséum, t. I, p. 143.
  3. Ibid. p. 141.