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VARIATIONS PAR BOURGEONS.

peut attribuer le fait à l’action immédiate d’un pollen étranger. Je donnerai plus loin des cas de pommiers produisant régulièrement deux formes différentes de fruits, ou des fruits mixtes, c’est-à-dire moitié l’un moitié l’autre ; on suppose généralement, et probablement avec raison, que ces arbres sont le résultat d’un croisement, à la suite duquel leurs fruits font retour aux formes parentes.

Bananes (Musa sapientium). — Sir R. Schomburgk a observé à Saint-Domingue un racème de la figue banane qui portait vers la base cent vingt-cinq fruits normaux, auxquels succédaient plus haut, comme d’habitude, des fleurs stériles, puis quatre cent vingt fruits d’aspect fort différent, et mûrissant plus tôt que le fruit habituel. Ces fruits anormaux ressemblaient beaucoup, sauf leurs dimensions plus petites, à ceux de la Musa Chinensis ou Cavendishii, qu’on considère généralement comme étant une espèce distincte[1].

FLEURS.

On connaît beaucoup de cas de plantes entières, ou simplement de branches isolées ou de bourgeons ayant subitement produit des fleurs différant du type ordinaire, par la couleur, la forme, la grosseur, et d’autres caractères. Le changement de coloration peut porter sur une demi ou même sur une fraction moindre de la fleur.

Camellia. — L’espèce à feuilles de myrte (C. myrtifolia), et deux ou trois variétés de l’espèce commune, ont quelquefois produit des fleurs hexagonales et imparfaitement quadrangulaires, et on a pu propager par greffe des branches portant de pareilles fleurs[2]. La variété Pompone porte souvent quatre sortes de fleurs distinctes : les blanches pures et les tachées de rouge qui apparaissent mélangées ; les roses mouchetées et les roses qu’on peut conserver distinctes assez sûrement en greffant les rameaux qui les portent. Dans un vieil arbre de la variété rose, on a observé l’exemple d’une branche qui a fait retour à la couleur blanche pure, ce qui est moins fréquent que le cas inverse[3].

Cratægus oxyacantha. — Une aubépine d’un rose foncé a produit une touffe unique de fleurs blanches pures[4], et M. A. Clapham, pépiniériste de Bradford, m’apprend que son père avait eu une aubépine incarnat foncé, greffée sur une aubépine blanche, qui pendant plusieurs années donna toujours, passablement au-dessus de la greffe, des bouquets de fleurs blanches, roses, et d’un rouge cramoisi intense.

L’Azalea indica produit souvent de nouvelles variétés par bourgeons, et j’en ai moi-même observé plusieurs cas. On a exposé une plante d’Azalea Indica variegata, qui portait une touffe de fleurs de l’Azalea I. Gledstanesii aussi exacte que possible, montrant ainsi avec évidence l’origine de cette belle variété. Une plante d’A. Ind. variegata a, dans un

  1. Journ. of Proc. Linn. Soc., vol. II, Botany, p. 131.
  2. Gardener’s Chronicle, 1847, p. 207.
  3. Herbert, Amaryllidaceæ, 1838, p. 369.
  4. Gardener’s Chronicle, 1843, p. 391.