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LEUR ORIGINE.

férence, et MM. Nott et Gliddon ajoutent quelques détails qui constatent leur grande similitude. Les chiens dérivés de ces deux souches indigènes se croisent entre eux, avec les loups, du moins avec le Canis occidentalis, et avec les chiens européens. Dans la Floride, d’après Bartram, le chien-loup noir des Indiens ne diffère absolument des loups du pays que par l’aboiement[1].

Dans les parties méridionales du nouveau monde, Colomb trouva deux sortes de chiens indigènes dans les Indes occidentales, et Fernandez[2] en décrit trois à Mexico ; quelques-uns étaient muets, c’est-à-dire n’aboyaient pas. Dans la Guyane, on sait déjà depuis l’époque de Buffon que les indigènes croisent leurs chiens avec une espèce du pays, probablement le Canis cancrivorus. Sir R. Schomburgk, qui a si soigneusement exploré ces régions, m’écrit : « Les Indiens Arawaak qui habitent près de la côte m’ont plusieurs fois répété qu’ils croisaient leurs chiens avec une espèce sauvage pour en améliorer la race, et on m’a montré des chiens qui ressemblaient certainement beaucoup plus au Canis cancrivorus que les individus ordinaires de la race. Les Indiens gardent rarement le Canis cancrivorus pour l’usage domestique, et les Arecunas n’emploient maintenant que peu pour la chasse l’ai, autre espèce de chien sauvage, que je regarde comme identique au Dusicyon sylvestris de H. Smith. Les chiens des Indiens Tarumas sont tout à fait distincts, et ressemblent au lévrier de Saint-Domingue de Buffon. Il paraît donc que les naturels de la Guyane ont partiellement domestiqué deux espèces indigènes, avec lesquelles ils croisent encore leurs chiens ; ces deux espèces appartiennent à un type tout différent de celui des loups de l’Amérique du Nord et de l’Europe. D’après un observateur exact, Rengger[3], il y aurait des raisons pour croire qu’il existait en Amérique, lorsqu’elle fut pour la première fois visitée

  1. Fauna Boreali-Americana, 1829, p. 73, 78, 80. — Nott et Gliddon, Types of Mankind, p. 383. — Le naturaliste voyageur Bartram, est cité par H. Smith dans Nat. Hist. Lib. v. X, p. 156. Un chien domestique mexicain paraît aussi ressembler à un chien sauvage du même pays. Un autre juge compétent M. J. K. Lord (The naturalist in Vancouver island, 1866, v. II, p. 218) dit que le chien indien des Spokans, près des Montagnes Rocheuses, n’est sans aucun doute autre chose qu’un coyote ou loup des prairies apprivoisé, ou Canis latrans.
  2. Je cite ceci d’après l’excellent récit que M. R. Hill donne de l’Alco ou chien domestique du Mexique, dans Gosse, Naturalist’s sojourn in Jamaica 1851, p. 329.
  3. Naturgeschichte der Säugethiere von Paraguay, 1830, p. 151.