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ARBRES.

informé assure que, dans les forêts écossaises où il est indigène, le pin d’Écosse ne présente que peu de variétés, mais qu’il se modifie beaucoup dans son aspect et son feuillage, la grosseur, la forme et la couleur de ses cônes, lorsqu’il a été, pendant plusieurs générations, éloigné de son endroit d’origine. Les variétés des régions basses et celles des parties élevées diffèrent, sans aucun doute, par la qualité de leur bois, et peuvent se propager par graine, ce qui justifie la remarque de Loudon, qu’une variété est souvent aussi importante qu’une espèce, et parfois bien davantage[1]. Je signalerai un point assez important qui varie chez cet arbre : dans la classification des Conifères, on a établi des sections sur l’inclusion de deux, trois ou cinq feuilles dans la même gaîne ; le pin écossais n’en renferme que deux habituellement, mais on en a observé des exemplaires dans les gaînes desquels se trouvaient trois feuilles[2]. À côté de ces différences dans le pin d’Écosse à demi cultivé, il y a dans diverses parties de l’Europe des races naturelles ou géographiques, que quelques auteurs ont érigé en espèces distinctes[3]. Loudon[4] considère comme étant des variétés alpines du pin d’Écosse, le P. pumilio, avec ses sous-variétés, Mughus, nana, etc., qui diffèrent beaucoup suivant le sol où elles croissent, et ne se reproduisent qu’à peu près par graine ; si le fait venait à être prouvé, il serait intéressant comme montrant que le rapetissement des arbres, par suite d’une longue exposition à un climat rigoureux, est jusqu’à un certain point héréditaire.

L’Aubépine (Cratægus oxyacantha). — Cette plante a beaucoup varié ; sans parler de variations légères et innombrables dans la forme des feuilles, dans la grosseur, la dureté et la forme des baies, Loudon[5] en énumère vingt-neuf variétés bien marquées. À côté de celles qu’on cultive pour leurs jolies fleurs, il en est dont les fruits sont jaune d’or, noirs ou blanchâtres ; d’autres ont la baie cotonneuse, ou les épines recourbées. Loudon a remarqué avec raison que le principal motif pour lequel l’aubépine a fourni plus de variétés que la plupart des autres arbres, est celui que les pépiniéristes ont soin de faire choix de toutes les variétés saillantes qui peuvent surgir dans les vastes semis qu’ils lèvent continuellement pour faire des haies. Les fleurs de l’aubépine renferment habituellement de un à trois pistils ; mais dans deux variétés, nommées Monogyna et Sibirica, il ne s’en trouve qu’un ; d’Asso a constaté qu’en Espagne c’est l’état normal de l’aubépine commune[6]. Il existe encore une variété qui est apétale, ou dont les pétales sont rudimentaires. La célèbre aubépine « Glastonbury, » fleurit et pousse des feuilles vers la fin de décembre, époque à laquelle elle porte des baies provenant d’une floraison antérieure[7]. Nous devons encore

  1. Loudon, O. C., vol. IV, p. 2150.
  2. Gardener’s Chronicle, 1852, p. 693.
  3. Dr Christ, Beiträge zur Kenntniss Europœischer Pinus Arten-Flora, 1864. Il montre que dans la haute Engadine, des formes intermédiaires relient entre eux les P. sylvestris et montana.
  4. O. C., vol. IV, p. 2159 et 2189.
  5. O. C., vol. II, p. 830. — Loudon’s Gardener’s Mag., vol. VI 1830, p. 714.
  6. Loudon’s Arboretum, etc., vol. II, p. 834.
  7. Loudon’s Gardener’s Mag., vol. IX, 1833, p. 123.