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PÊCHERS. — ABRICOTIERS.

et les bords de ses sillons sont plus lisses que dans les fruits à noyau adhérent. Les fleurs varient, non-seulement de grosseur, mais les pétales affectent une forme différente dans les fleurs plus grandes, et sont plus imbriqués, généralement rouges au centre et pâles vers les bords, tandis que dans les fleurs plus petites, les bords des pétales sont généralement plus foncés. Une variété a ses fleurs presque blanches. Les feuilles sont plus ou moins dentelées, et tantôt ont des glandes rondes ou réniformes, tantôt en sont dépourvues[1] ; chez quelques pêchers, comme le Brugnon, on trouve sur le même arbre des glandes sphériques et d’autres réniformes[2]. D’après Robertson[3], les arbres à feuilles glandulées sont fréquemment pustulés, mais peu sujets au blanc, tandis que les arbres dépourvus de glandes sont plus exposés au blanc et aux pucerons. Les variétés diffèrent par l’époque de leur maturation, par la facilité de conservation du fruit et par leur rusticité, point auquel, aux États-Unis surtout, on attache une grande importance. La pêche plate de la Chine est la plus remarquable de toutes ; elle est si fortement déprimée au sommet, qu’en ce point le noyau n’est recouvert que d’une pellicule rugueuse, sans pulpe interposée[4]. Une autre variété chinoise, la Pêche-miel (Honey-peach), est remarquable par la forme du fruit qui se termine par une longue pointe aiguë ; ses feuilles sont sans glandes et largement dentelées[5]. Une troisième variété singulière, la pêche « Empereur de Russie, » a les feuilles doublement et profondément dentelées ; le fruit est fortement divisé en deux parties inégales, dont l’une l’emporte considérablement sur l’autre ; elle a pris naissance en Amérique, et ses rejetons, produits de graine, héritent de ses feuilles[6].

La Chine a donné naissance à une petite classe d’arbres estimés comme ornement, qui ont les fleurs doubles ; on en connaît actuellement en Angleterre cinq variétés, qui varient du blanc pur, au rouge vif passant par le rose[7]. L’une d’elles, dite « à fleurs de camélias, » porte des fleurs de plus de 2 pouces 1/4 de diamètre, tandis que dans les variétés à fruits, elles ne dépassent jamais 1 pouce 1/4. Les fleurs des pêchers à fleurs doubles ont la propriété singulière de produire des fruits souvent doubles ou triples[8]. En somme, il y a de bonnes raisons pour croire que la pêche est une amande profondément modifiée, mais quelle qu’ait pu être d’ailleurs son origine, il est certain que pendant les dix-huit derniers siècles elle a donné naissance à bien des variétés, dont quelques-unes, appartenant tant à la forme des pêches ordinaires qu’à celle des pêches lisses, sont nettement et fortement caractérisées.

Abricot (Prunus armeniaca). — On admet généralement que cet arbre

  1. Loudon’s Encyc. of Gardening, p. 907.
  2. M. Carrière, Gard. Chron. 1865, p. 1154.
  3. Trans. Hort. Soc., vol. iii, p. 832. — Gardener’s Chron., 1865, p. 271. — Journ. of Hort., 1865, p. 254.
  4. Trans. Hort. Soc., vol. IV, p. 512.
  5. Journ. of Horticult., 1863, p. 188.
  6. Trans. Hort. Soc., vol VI, p. 412.
  7. Gardener’s Chron., 1857, p. 216.
  8. Journ. of Hort. Soc., vol. II, p. 283.