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PÊCHERS.

Que le pêcher provienne ou non de l’amandier, il a certainement donné naissance aux pêches lisses ou nectarines, comme on les appelle en Angleterre. La plupart des variétés des unes et des autres se reproduisent exactement de graine. Gallesio[1], dit l’avoir vérifié pour huit races de pêchers. M. Rivers[2] en donne des exemples frappants, et il est notoire que dans l’Amérique du Nord, on élève constamment de graine de très-bons pêchers. La plupart des sous-variétés américaines restent constantes ; on connaît cependant un cas de pêcher à chair adhérente au noyau, ayant produit un arbre dont le fruit était non adhérent[3]. On a remarqué qu’en Angleterre, les plantes provenant de semis héritaient de leurs parents des fleurs de même grosseur et couleur. D’autres caractères, contrairement à ce qu’on aurait pu croire, ne sont pas héréditaires, tels que la présence et la forme des glandes des feuilles[4]. Quant aux pêches lisses, tant celles à noyau adhérent que non adhérent, elles se reproduisent par graine dans l’Amérique du Nord[5]. En Angleterre, la pêche lisse blanche nouvelle provient de la graine de l’ancienne variété du même nom ; M. Rivers[6] donne d’autres cas analogues. Bien que les pêchers ordinaires et lisses[7] ne présentent pas de différences, et ne peuvent même être distingués les uns des autres lorsqu’ils sont jeunes, il n’est pas étonnant, vu la force d’hérédité qui s’observe chez les uns et les autres, leurs quelques diversités de constitution, et surtout la différence considérable qui existe dans l’aspect et le goût de leurs fruits, que quelques auteurs les aient regardés comme formant deux espèces distinctes. Gallesio n’en doute nullement ; Alph. de Candolle ne paraît pas convaincu de leur identité spécifique, et un botaniste éminent[8] a tout récemment soutenu l’opinion que le pêcher lisse constitue probablement une espèce à part.

Il ne sera donc pas inutile de donner tous les faits que nous possédons sur l’origine du pêcher lisse, car outre l’intérêt qu’ils peuvent avoir par eux-mêmes, ils pourront nous servir dans la discussion importante sur la variation par bourgeons, dont nous aurons à nous occuper plus tard. On assure que la pêche lisse de Boston[9] fut le produit d’un noyau de pêche, et se reproduisit ensuite par elle-même de graine[10]. M. Rivers[11] a obtenu de trois noyaux de variétés distinctes du pêcher, trois formes distinctes de pêchers lisses, et dans un des cas il n’y avait dans le voisinage du pêcher qui avait fourni le noyau, aucun pêcher lisse. M. Rivers a encore dans un autre cas, obtenu d’un noyau de pêche ordinaire, un pêcher lisse, et de

  1. O. C., 1816, p. 86.
  2. Gardener’s Chronicle, 1862, p. 1195.
  3. M. Rivers, Gardener’s Chronicle, 1859, p. 774.
  4. Downing, Fruits of America, 1845, p. 475, 489, 492, 494, 496, — Michaux, Travels in America, p. 228. — Godron, O. C., t. II, p. 97.
  5. Brickell, Nat. Hist. of N. Carolina, p. 102. — Downing, O. C., p. 505.
  6. Gardener’s Chronicle, 1862, p. 1196.
  7. La pêche lisse et la pêche ordinaire ne réussissent pas également bien dans le même sol. Lindley, Horticulture, p. 351.
  8. Godron, O. C., t. II, p. 97.
  9. Transact. Hort. Soc., vol. VI, p. 394.
  10. Downing, O. C., p. 502.
  11. Gardener’s Chronicle, 1862, p. 1195.