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DIFFÉRENCES OSTÉOLOGIQUES.

Revenons au crâne. Sa partie postérieure vue du dehors, diffère peu de celle du G. Bankiva. Dans la plupart des individus, l’apophyse postéro-latérale de l’os frontal et celle de l’os écailleux, marchent ensemble et se soudent près de leurs extrémités ; la réunion de ces deux os n’est cependant constante dans aucune race, et dans onze sur quatorze crânes huppés, j’ai trouvé les apophyses parfaitement distinctes. Lorsqu’elles ne se réunissent pas, au lieu d’être inclinées en avant comme dans les races ordinaires, elles descendent perpendiculairement à la mâchoire inférieure, et, dans ce cas, le plus grand axe de la cavité osseuse de l’oreille est également plus perpendiculaire que dans les autres races. Lorsque l’apophyse de l’os écailleux est libre, son extrémité, au lieu d’être élargie, devient fine et pointue et de longueur variable. Les os ptérygoïdiens et carrés n’offrent pas de différences. Les palatins sont un peu plus recourbés à leur extrémité postérieure, et les frontaux sont, au devant de la protubérance, très-larges comme chez les Dorkings, mais à un degré variable. Les os nasaux peuvent tantôt, comme chez les Hambourgs, être séparés, tantôt être en contact ; dans un cas, je les ai trouvés soudés ensemble. Chaque os nasal se prolonge en avant, par deux apophyses égales en forme de fourchette ; mais dans tous les crânes huppés, à l’exception d’un seul, le prolongement interne était passablement raccourci et un peu retroussé. Dans tous, un seul excepté, les deux branches ascendantes des maxillaires supérieurs, au lieu de remonter entre les apophyses des os nasaux, et de s’appuyer sur l’ethmoïde, étaient raccourcies et se terminaient en pointe mousse, un peu relevée. Dans les crânes où les os nasaux sont très-rapprochés ou soudés ensemble, il serait impossible aux branches ascendantes des maxillaires supérieurs, d’atteindre les ethmoïdes et les frontaux, de sorte que, dans ce cas, même les connexions réciproques des os se trouvent changées. Le relèvement des branches ascendantes des maxillaires supérieurs et des apophyses internes des os nasaux, paraît être la cause de la saillie des orifices externes des narines, et de leur forme en croissant.

J’ajouterai encore quelques mots sur quelques races Huppées étrangères. Le crâne d’un individu d’une race Turque, blanche, huppée et sans croupion, était peu saillant et ne présentait que peu de perforations ; les branches ascendantes des maxillaires supérieurs étaient bien développées. Dans une autre race Turque, celle des Ghoondooks, le crâne était très-proéminent et perforé ; les branches ascendantes des maxillaires supérieurs étaient si atrophiées, qu’elles ne s’avançaient que de 1/15me de pouce ; il en était de même des apophyses internes de l’os nasal. Ces deux os ont donc été extrêmement modifiés. J’ai pu examiner deux crânes de Sultans (encore une race Turque), chez lesquels la protubérance était beaucoup plus forte chez la femelle que chez le mâle. Dans les deux crânes, les branches montantes des maxillaires supérieurs étaient très-courtes, et les portions basilaires des apophyses internes des nasaux étaient soudées ensemble. Ces crânes Sultans différaient de ceux de la race Huppée anglaise, par une largeur moindre des os frontaux, en avant de la protubérance.

Je décrirai un dernier et unique crâne qui m’a été prêté par M. Tegetmeier ; il ressemble, par la plupart de ses caractères, au crâne de la race