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RACES GALLINES.

demander si les autres races ne peuvent pas descendre de quelques autres espèces sauvages, qui existent peut-être encore quelque part inconnues, ou se sont éteintes. Cette extinction de plusieurs espèces est une hypothèse improbable, si nous considérons que les quatre espèces connues ne se sont pas éteintes dans les régions si anciennement et si fortement peuplées de l’Orient. On ne connaît réellement qu’une seule espèce d’oiseau domestique, dont la souche primitive sauvage soit encore inconnue ou éteinte, c’est l’oie de Chine, ou Anser cygnoïdes. Ce n’est pas, comme le font les éleveurs, dans le monde entier, que nous devons chercher à découvrir de nouvelles, ou à retrouver d’anciennes espèces de Gallus ; car, ainsi que le fait remarquer M. Blyth[1], les grands Gallinacés ont généralement une distribution restreinte. Nous le voyons très-nettement dans l’Inde, où le genre Gallus, qui habite le pied de l’Himalaya, est remplacé plus haut par le Gallophasis, et plus haut encore par le Faisan. Comme patrie d’espèces inconnues du genre, l’Australie et ses îles sont hors de question. Il serait encore aussi peu probable de trouver des Gallus dans l’Amérique du Sud[2], que de rencontrer des oiseaux-mouches dans l’ancien monde. D’après les caractères qu’offrent les autres Gallinacés africains, il est aussi fort peu probable que le genre Gallus puisse se trouver en Afrique. Il est inutile de chercher dans les parties occidentales de

  1. Gardener’s Chronicle, 1851, p. 619.
  2. M. Sclater, une autorité dans la matière, que j’ai consulté à ce sujet, pense que je ne me suis point trop fortement prononcé sur ce fait. Un ancien auteur, Acosta, parle de coqs ayant habité l’Amérique du Sud lors de sa découverte, et plus récemment, en 1795, Olivier de Serres signale des Gallinacés sauvages dans les forêts de la Guyane, mais qui étaient probablement des oiseaux marrons. Le Dr  Daniell croit qu’il y a des coqs redevenus sauvages sur la côte occidentale de l’Afrique équatoriale ; mais il est possible que ce ne soient pas de vrais coqs, mais des Gallinacés appartenant au genre Phasidus. L’ancien voyageur Barbut dit que les coqs ne sont pas indigènes en Guinée. Le capitaine W. Allen (Narrative of Niger expedition, 1848, vol. II, p. 42) décrit des coqs sauvages à Ihla dos Rollas, une île près de Saint-Thomas, sur la côte occidentale d’Afrique, et qui, d’après le dire des naturels du pays, provenaient d’un navire naufragé longtemps auparavant. Ils étaient très-sauvages, leur cri était fort différent de celui des races domestiques, et leur apparence était quelque peu changée, de sorte que, malgré l’assertion des indigènes, il y a doute si ces oiseaux étaient réellement redevenus sauvages. Il est certain que, dans plusieurs îles, les coqs d’origine domestique sont redevenus sauvages. D’après un juge compétent, M. Fry, ceux qui sont marrons dans l’île de l’Ascension ont repris leurs couleurs primitives, les coqs rouges et noirs, et les poules d’un gris enfumé. Nous ne connaissons malheureusement pas les couleurs des oiseaux qu’on y a rendus à la liberté. Il y en a aussi dans les îles Nicobar (Blyth, Indian Field, 1858, p. 62) et dans les Ladrones (voyage d’Anson). Ceux qu’on a trouvés dans les îles Peliou (Crawfurd), sont supposés être redevenus sauvages ; enfin on assure qu’il en est de même dans la Nouvelle-Zélande ; mais je ne sais si cette affirmation est exacte.