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DESCRIPTION DES RACES.

négligeant le Kala Par comme d’origine douteuse, nous avons une série à peine interrompue, depuis le Bizet, passant par le Bassorah, dont le bec n’est parfois pas plus long que celui du Bizet, et dont la peau nue des yeux et des narines n’est que peu volumineuse ou caronculeuse, par la sous-race de Bagdad et par le Dragon, pour arriver au Messager anglais amélioré, qui est si prodigieusement différent du Bizet ou Columba livia.

Race III. — Runts (Scanderoon : Florentiner-Tauben et Hinkel-Tauben de Neumeister : Pigeon Bagadais, Pigeon Romain).
Bec long, massif ; corps grand.

La plus grande confusion règne dans la classification, les affinités et les dénominations des Pigeons de cette race ; car plusieurs des caractères qui dans les autres Pigeons sont généralement assez constants, tels que la longueur des ailes, de la queue, des pattes, du cou, l’étendue de peau dénudée autour des yeux, sont au contraire très-variables dans ceux-ci. Lorsque la peau nue des yeux et des narines se développe et devient caronculeuse, et que le corps n’est pas très-grand, ils passent si graduellement à la forme des Messagers, que toute distinction entre les deux devient arbitraire. C’est ce que prouvent les noms qui leur ont été donnés dans différentes parties de l’Europe. Néanmoins, en prenant les formes les plus distinctes, on peut reconnaître au moins cinq sous-races (quelques-unes comprenant des variétés bien accusées), différant entre elles par des points de conformation assez importants pour que, trouvées à l’état de nature, on les eût considérées comme de bonnes espèces.

Sous-race I. — Scanderoons des auteurs anglais (Florentiner et Hinkel-Tauben de Neumeister). — Les oiseaux de cette sous-race, dont j’ai conservé vivant un individu et observé depuis deux autres, ne diffèrent des Bagadotten de Neumeister que par un bec moins recourbé en dessous ; la peau recouvrant les narines et entourant l’œil étant à peine verruqueuse. Néanmoins, j’ai cru devoir placer les Bagadotten dans la race II, ou celle des Messagers, et l’oiseau actuel dans la race III, celle des Runts. Le Scanderoons a une queue courte, étroite et relevée : les ailes sont très-courtes, leurs pennes primaires n’étant pas plus longues que celles d’un petit Pigeon Culbutant. Le cou est long, très-arqué, le sternum saillant. Bec allongé, ayant 1,15 de pouce de la pointe à sa base emplumée, assez épais verticalement et légèrement recourbé en dessous. La peau des narines est turgescente non verruqueuse ; celle autour des yeux l’est légèrement, et assez élargie. Les jambes sont longues, les pieds très-grands. La peau du cou est d’un rouge vif, offrant souvent une ligne médiane dénudée ; on remarque aussi une place nue et rouge à l’extrémité du radius de l’aile. L’oiseau, mesuré de la base du bec à la naissance de la queue, avait deux pouces de plus en longueur que le Bizet ; la queue ne mesurant elle-même que 4 pouces, tandis que dans le Bizet, qui est un oiseau plus petit, la queue a une longueur de 4 5/8 de pouce.