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LAPINS DOMESTIQUES.

que chez d’autres individus elle conserve la même largeur presque partout (C), mais s’épaissit à l’extrémité.

Omoplate. — L’acromion porte une apophyse à angle droit, se terminant par une protubérance oblique qui, dans le lapin sauvage (fig. 16, A), varie un peu en forme et en grandeur ; il en est de même de l’acuïté du sommet de l’acromion, et de la largeur de la partie qui se trouve au-dessous de la naissance de l’apophyse. Ces variations légères chez le lapin sauvage, deviennent considérables chez les lapins à oreilles pendantes. Ainsi dans quelques individus (B) la protubérance oblique qui termine l’apophyse se prolonge en une courte tige, formant avec elle un angle obtus. Dans un autre échantillon (C) ces deux parties sont presque en ligne droite. Le sommet de l’acromion varie aussi passablement, comme le montre la comparaison des figures B, C et D.

Membres. — Je n’ai pas pu remarquer de variations dans les os des membres, et ceux des pieds étaient trop mal commodes à manier pour être aisément comparés.


J’ai maintenant décrit toutes les différences que j’ai pu observer dans les squelettes. Il est impossible de ne pas être frappé du haut degré de variabilité ou de plasticité d’un grand nombre de ces os. Nous voyons combien est erronée l’affirmation si souvent répétée que seules les arêtes osseuses servant de point d’attache aux muscles varient, et qu’il n’y a que les parties d’une importance insignifiante qui se modifient par la domestication. Personne ne dira, par exemple, que le trou occipital, l’atlas, ou la troisième vertèbre cervicale soient des parties de faible importance. Si les diverses vertèbres des lapins sauvages et à oreilles pendantes, que nous avons figurées, avaient été trouvées fossiles, les paléontologistes les auraient sans hésiter attribuées à des espèces distinctes.


Effets de l’usage et du défaut d’usage des parties. — Dans les lapins à oreilles pendantes, les proportions relatives des os d’un même membre, et celles des membres antérieurs et postérieurs comparés entre eux, sont restées à peu près les mêmes que dans le lapin sauvage ; mais en poids, les os des membres postérieurs ne paraissent pas avoir augmenté relativement à ceux des membres antérieurs dans la proportion voulue. Le poids total des grands lapins que j’ai examinés était de deux à deux fois et demie celui des lapins sauvages ; et le poids des os des membres antérieurs et postérieurs pris ensemble (en exceptant les pieds dont les nombreux petits os sont trop difficiles à bien nettoyer), s’est accru presque dans la même proportion chez les lapins à oreilles pendantes, et par conséquent bien en rapport avec le poids du corps qu’ils ont à porter. Si nous prenons pour terme de comparaison la longueur du corps, l’accroissement des membres