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RÉSUMÉ DU CHAPITRE.

quelque peu nuageux. Ces granules s’agrègent bientôt en petits globules. J’ai vu un nuage de cette sorte apparaître dix secondes après qu’une goutte d’une solution de carbonate d’ammoniaque avait été posée sur une glande. Chez les feuilles rouge foncé, le premier changement visible consiste souvent dans la conversion de la couche extérieure du liquide contenu dans les cellules en masses ressemblant à un sac. Toutefois, quel qu’ait pu être le mode de développement des masses agrégées, elles changent incessamment de forme et de position. Ces masses ne sont pas remplies de liquide, mais sont solides jusqu’au centre. Enfin, les granules incolores, en suspension dans le protoplasma qui circule le long des parois, se réunissent aux sphères ou aux masses centrales, mais un courant de liquide limpide continue encore à circuler dans les cellules. Aussitôt que les tentacules se sont complètement redressés, les masses agrégées se dissolvent et les cellules se remplissent d’un liquide pourpre homogène, comme elles l’étaient précédemment. La dissolution commence à la base des tentacules et se propage de bas en haut jusqu’aux glandes ; elle marche donc en direction inverse de celle de l’agrégation.

Les causes les plus diverses produisent l’agrégation ; ainsi, par exemple : les attouchements répétés sur les glandes ; la pression de parcelles de quelques matières que ce soit, et comme ces parcelles reposent sur la sécrétion visqueuse, c’est à peine si la pression qu’elles exercent sur la glande peut s’évaluer à un millionième de grain[1] ; la section des tentacules immédiatement au-

  1. Selon Hofmeister (cité par Sachs, Traité de Bot., 1874, p. 958), une pression très-légère exercée sur la membrane cellulaire arrête immédiatement les mouvements du protoplasma et détermine même sa séparation des parois de la cellule. Mais l’agrégation est un phénomène différent, car elle affecte le contenu des cellules et n’affecte que secondairement la couche de protoplasma qui circule le long des parois ; bien que, sans aucun doute, les effets d’une pression ou d’un attouchement exercé sur l’extérieur doive se transmettre à travers cette couche.